2024 : année du sport, année des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Que de chemin parcouru depuis les Olympiades nées dans le Péloponnèse, il y a environ 3 000 ans. De très nombreuses études montrent que le sport pratiqué régulièrement est bon pour la santé : prévention des maladies cardiovasculaires, mentales, etc. Qu’en est-il dans le domaine de la neurologie, où la pratique de certains sports responsables de collisions et de commotions cérébrales (CC) commence à être questionnée ? Le Dr J.F. Chermann, expert national reconnu de la prise en charge des CC, nous rappelle dans une excellente série de 3 articles que les mentalités ont beaucoup évolué depuis les années 1980. Le protocole commotion est désormais familier à tous les amateurs de sports de contact (rugby, football, handball, etc.) et consiste en l’exclusion temporaire du terrain d’un joueur commotionné pendant une période de 15 minutes pour réévaluation avant un éventuel retour. Il aura fallu pour cela la médiatisation de sportifs de haut niveau atteints de façon inexplicable et prématurée de maladies neurodégénératives, et le travail acharné de médecins spécialistes (légistes, pathologistes, neurochirurgiens, neurologues) qui, au moyen d’appellations successives (punch drunk syndrome, dementia pugilistica, encéphalopathie chronique post-traumatique), vont décrire une réalité anatomoclinique : le syndrome postcommotionnel. L’imagerie cérébrale va ensuite se révéler être un outil incontournable pour objectiver les microlésions cérébrales (article de L. Hausser et al.). Sous la pression des sportifs, des familles et des médecins, les fédérations sportives ont ployé et ont mis en place des programmes adaptés de suivi et surtout de prévention des CC, amenés à évoluer encore. Pour autant, le risque zéro de CC n’existe pas. Mais, bonne nouvelle, des thérapies ciblées voient le jour, notamment la photobiomodulation transcrânienne qui, en jouant sur la neuro-inflammation, pourrait peut-être constituer un outil novateur du traitement des commotions et subcommotions cérébrales.
S’il comporte des risques neurologiques, le sport représente néanmoins un apport non négligeable de la prise en charge de nombreuses pathologies dans ce domaine. Au départ, il s’agissait plutôt du concept “le sport fait du bien à nos patients neurologiques”, mais des études de bon niveau de preuve ont récemment montré que le sport – ou du moins l’activité physique adaptée aux besoins et aux déficit éventuels de nos patients – pouvait leur permettre de limiter l’évolution de la maladie (notamment la maladie de Parkinson) ou de la fatigue induite par ces maladies (dans la SEP par exemple). Depuis une dizaine d’années, un certain nombre de programmes tels que “Sport sur ordonnance” se sont développés dans des villes pilotes et sont en cours d’expansion dans le but d’une couverture nationale. Souvent soutenus par des associations ou des réseaux de soins, ils devraient être mieux connus du grand public. En effet, les retours des patients pratiquant une activité physique dans ce cadre sont excellents, et nous constatons malheureusement qu’un trop petit nombre de patients y participe, souvent par méconnaissance. Dans ce numéro, vous pourrez lire le témoignage d’une patiente atteinte de SEP, Anita Fatis, qui a participé aux Jeux paralympiques de Londres et de Rio en natation et qui témoigne du rôle bénéfique de l’activité physique dans son combat contre sa maladie pourtant invalidante. Que ce témoignage, adossé aux articles scientifiques encourageant la pratique du sport et de l’activité physique dans les pathologies neurologiques chroniques, puisse générer des vocations chez les neurologues et leurs patients. Pour accompagner ce numéro passionnant, qui paraît 1 mois avant l’événement, nous émettons le vœu que ces Jeux olympiques et paralympiques “français” permettent à tous, soignants et soignés, de réaliser les bienfaits physiques et psychiques du sport, aussi bien pour les personnes valides que pour celles souffrant de handicap.
Bonne lecture à tous.