On dit souvent que c'est dans l'épreuve que l'on voit la vraie nature des gens. Et d'épreuve, il fut question, en effet. Une pandémie centenaire comme cette génération, celle d'avant et celle d'avant encore n'avaient jamais connue ni même imaginée. Six semaines de confinement strict pour la première vague, des répliques moins sévères, mais des répliques tout de même. La peur d'un virus inconnu, pour ses proches, pour soi. Des cassandres, des astrologues de mauvaise facture, des bonimenteurs et des docteurs Knock aux remèdes douteux. En ces temps incertains, où nombre de professionnels de la santé tombèrent dans la facilité par attrait de l'exposition médiatique ou en accompagnant une politique fondée sur l'émotion plus que sur la science, les pharmacologues ont fait front.
Là où vous pouviez vous engager pour être utiles en ces temps de crise, vous l'avez fait. Certains d'entre vous ont, en un temps record, monté des initiatives pour informer le public sur les essais cliniques et les traitements de la maladie à coronavirus. Une communication raisonnable aussi bien que remarquable, fondée sur les preuves, sans concession vis-à-vis de la vérité scientifique, fût-elle décevante. D'autres se sont portés volontaires dans les centres de vaccination pour contribuer à accroître l'ampleur d'une campagne unique, en vaccinant eux-mêmes les patients ou en participant aux consultations prévaccinales. La pharmacologie expérimentale et préclinique a œuvré à développer des modèles d'études adaptés à cette toute nouvelle infection et à tester les nombreux candidats médicaments pour le traitement et la prévention de la pathologie. La pharmacovigilance a répondu présent, à nouveau, pour évaluer les signaux précoces de déclarations d'effets indésirables des vaccins, là encore au cours d'une campagne nationale sans précédent. La pharmacologie biologique s'est mise en capacité de mesurer l'exposition des patients aux premières thérapeutiques pour optimiser ces traitements et a participé, avec d'autres, à évaluer et prévenir le risque d'interactions médicamenteuses avec les traitements du Covid-19. Tous, vous avez participé, à votre niveau, aux essais cliniques pilotés par nos tutelles pour apporter les réponses attendues par la population et nos patients, en particulier. L'esprit de corps de la discipline a marqué les esprits et, ensemble, avec nos compétences diverses et là où il y avait un besoin en méthodologie, en épidémiologie et en pharmacocinétique, vous vous êtes proposés.
En jetant un regard en arrière sur 2 ans de pandémie : oui, vous pouvez être fiers !
Ce numéro de La Lettre du Pharmacologue retrace votre engagement durant cette crise. Il y est question des leçons pharmacologiques qu'il convient de tirer de la pandémie, des modèles précliniques utilisés dans l'évaluation des thérapeutiques du Covid-19, des médicaments antiviraux utiles pour le traitement de cette infection, de la pharmacovigilance des vaccins à ARNm et des interactions médicamenteuses avec l'association nirmatrelvir + ritonavir.
Qu'au travers de cette lecture, qui met en valeur les différentes composantes de notre discipline, vous receviez un message de remerciement pour votre action et un message pour le futur : unis, nous pouvons accomplir de grandes choses au bénéfice de la santé publique et des patients.