Le myélome multiple est une hémopathie maligne des cellules de la lignée lymphocytaire B caractérisée par la prolifération tumorale d'un clone de plasmocytes malins qui s'accumulent dans la moelle osseuse.
C'est une maladie hétérogène, à la fois dans sa présentation clinique et dans la biologie des plasmocytes malins, grave et invalidante, qui se caractérise par des rechutes inévitables et qui nécessite un arsenal thérapeutique diversifié. Il s'agit, en première ligne, de freiner l'évolution de la maladie puis, à chaque rechute, de la contrôler grâce à de nouvelles stratégies, en sachant que la durée de la rémission diminue après chaque nouvelle ligne de traitement. Pour les patients non éligibles à l'autogreffe, la prise en charge est uniquement médicamenteuse : immunomodulateurs, inhibiteurs de protéasomes, alkylants, corticoïdes. L'objectif est de proposer à chaque patient la séquence optimale afin d'écarter les situations d'impasse thérapeutique et d'allonger sa survie dans les meilleures conditions de qualité de vie possibles, notamment une absence d'effets indésirables significative.
Ces dernières années ont vu la validation de plusieurs associations thérapeutiques pour les patients atteints de myélome multiple. La mise à disposition en Europe d'anticorps monoclonaux recombinants humains, tels les anti-CD38 ciblant des protéines exprimées à un taux très élevé à la surface des cellules de myélome multiple, suscite un espoir quant aux perspectives de guérison des patients.
Plus de 60 % des patients atteints d'un myélome multiple nouvellement diagnostiqué obtiennent, grâce aux stratégies thérapeutiques modernes, des réponses complètes et une maladie résiduelle minimale négative. De nouvelles stratégies de traitement visant à combiner l'ensemble des médicaments actifs, associées à des traitements intensifs à base de greffe de moelle, permettent pour la première fois d'envisager, chez les patients les plus jeunes, une guérison de la maladie.
Les résultats d'essais récents de phase III apportent les bases pour un traitement personnalisé adapté au risque cytogénétique du patient, à la fois en première ligne et en rechute. L'avènement des thérapies ciblées et de l'immunothérapie permet d'envisager une médecine de précision du myélome. On se dirige vers une cartographie de la tumeur pour repérer les molécules exprimées à sa surface ou des mutations exprimées par la tumeur, puis élaborer des traitements ciblés en remplacement ou en complément de la chimiothérapie conventionnelle.
Un grand espoir est également porté par l'immunothérapie adoptive à l'aide de lymphocytes T exprimant un récepteur chimérique (essai dans le myélome avec des CAR T-cells dirigées contre CD138) qui constitue une piste sérieuse dans la révolution du pronostic de la maladie.
Cette dynamique de développement suscite incontestablement de très grands espoirs dans la communauté médicale et chez les patients.
Je vous souhaite une bonne lecture de la première partie de ce dossier très riche et mobilisant coordonné par le Pr Xavier Leleu.