Comme il y a la belle littérature, il y a la belle pharmacologie. Celle des effets des médicaments, les agonistes et antagonistes, au niveau des récepteurs, des tissus, des organes ou de l’individu tout entier. Il faut les mesurer ces effets, bien sûr, directement, ou au travers de biomarqueurs. “Au travers” mais pas “de travers”. Là encore, ne pas se laisser abuser par un critère intermédiaire, mauvais reflet du véritable effet. Substituer un biomarqueur à l’effet clinique, oui, quand ce dernier n’est pas accessible, pas mesurable, mais seulement quand ce biomarqueur est dûment validé. Le modèle pharmacologique de référence, c’est l’immunosuppression. Car enfin, comment évaluer le niveau d’immunosuppression chez un patient transplanté d’organe ? Il n’existe à l’heure actuelle pas de mesure de l’immunosuppression ; et pas question d’attendre la survenue d’un événement clinique signant l’absence d’effet, rejet ou perte de greffon, ou au contraire l’excès d’immunosuppression qui conduira le patient vers des complications carcinologiques ou infectieuses. L’infection, voilà un autre modèle mettant au défi la pharmacologie. Depuis plus de 40 ans, l’approche pharmacocinétique-pharmacodynamique renseigne sur l’issue clinique à venir lors du traitement anti-infectieux. Il faut viser juste. Atteignez la cible et vous vous mettrez dans les meilleures conditions pour guérir l’infection, manquez-la et vous exposerez votre patient à l’échec thérapeutique. Parfois, il n’est pas question d’attendre, car la pathologie est sévère, rapidement évolutive, et il nous faut recourir à des marqueurs de substitution, plus aisés, plus rapides à recueillir. Ne perdons pas pour autant le fil de la pharmacodynamie, la science de l’effet véritable. La maîtrise de la pharmacodynamie permet de comprendre aussi bien que de prédire les effets des médicaments. Les effets thérapeutiques comme les effets indésirables d’ailleurs. Et la pharmacovigilance doit à la pharmacodynamie ses lettres – nous voici revenus à la littérature ! – de noblesse. Comprendre les mécanismes d’interaction entre le médicament et ses cibles, connaître l’expression de ces cibles au niveau des tissus, c’est prédire les risques d’effets indésirables possibles avec le traitement. En plus de concourir à maximiser l’efficacité thérapeutique, la pharmacodynamie contribue à la sécurisation du médicament.
Nous avons voulu dédier ce numéro à la pharmacodynamie pour tout ce qu’elle apporte à la pharmacologie clinique, biologique et à la pharmacosurveillance. À la pharmacodynamie, donc : la belle pharmacologie !