L'homme n'est pas qu'un être de raison vivant dans la réalité, c'est aussi un être d'émotions vivant dans la représentation du réel. Or la maladie chronique frappe toujours 2 fois, une fois dans le réel et une fois dans la représentation du réel. Si bien que, souvent, le malade atteint d'une maladie chronique a 2 maladies : il est malade et il est “malade d'être malade”.
Le médicament a lui aussi 2 visages. Côté médical, c'est, selon le Code de la santé publique, “une substance présentant des propriétés curatives ou préventives de maladies humaines ou animales… ou capables de restaurer, corriger ou modifier les fonctions physiologiques”. Côté patient, c'est un objet de représentations diverses, personnelles, dépendant de la raison mais aussi du vécu de la maladie actuelle, de l'impact laissé par les événements de vie antérieurs, de la culture, de l'entourage, des croyances, de la personnalité…
Ainsi, le médicament peut être identifié à la maladie et au traumatisme de l'annonce. Si le déni de la maladie entraîne logiquement la non-prise de son traitement, la pensée magique fait espérer que, en ne prenant pas le traitement, on peut se débarrasser de la maladie.