Les premières recommandations pour la prise en charge de l'asthme ont été publiées il y a maintenant plus d'un quart de siècle. Ces documents ont indiscutablement participé à une large diffusion des connaissances sur la maladie asthmatique, qui touche 300 millions de patients dans le monde et plus de 5 % de la population française. Dans ces textes de référence, l'asthme est clairement défini comme une maladie inflammatoire chronique des voies aériennes. Cette particularité permettait de justifier l'utilisation régulière des anti-inflammatoires (corticostéroïdes inhalés) pour contrôler l'asthme persistant, les bronchodilatateurs de courte durée d'action (β2-mimétiques) étant réservés au traitement à la demande du bronchospasme (plutôt qu'en utilisation répétée ou régulière et exclusive, sans corticostéroïde, dont la responsabilité dans l'asthme mortel et prémortel avait été clairement identifiée dans le cadre d'études anglo-saxonnes). Néanmoins, les progrès ont ensuite marqué le pas, malgré le développement de nouvelles thérapeutiques destinées en particulier à des sous-groupes de patients atteints d'asthme sévère. Une des raisons de ce ralentissement est l'acceptation générale du terme “asthme” comme suffisant à définir une famille de maladies en fait distinctes. Cette approche trop schématique semblerait désuète pour d'autres maladies. Imaginez un rhumatologue traitant les arthrites sans les caractériser, ou encore un hématologue prenant en charge une anémie sans plus de réflexion. Cela semble impossible. Il faut reconnaître que, à trop vouloir simplifier la notion de maladie asthmatique, on ignore la subtilité des mécanismes physiopathologiques aboutissant à la symptomatologie respiratoire caractéristique d'une obstruction bronchique variable et réversible.