Cette année, la Société européenne de cardiologie (ESC) a réuni plus de 32 000 professionnels de santé pour son congrès annuel qui s'est tenu à Paris du 31 août au 4 septembre 2019. Ce fut l'occasion, comme chaque année, de présenter les excellentes recommandations de cette société savante sur des sujets cliniques majeurs. Les pneumologues ont bien sûr montré un intérêt particulier pour les recommandations sur le diagnostic et la prise en charge de l'embolie pulmonaire aiguë, 5 ans après la dernière révision. Comme en 2014, la Société européenne de pneumologie a soutenu ces recommandations et, cette année, ce document a pour la première fois été publié simultanément dans l'European Heart Journal et l'European Respiratory Journal afin de favoriser une large diffusion (1, 2).
L'embolie pulmonaire est une maladie fréquente. En France, plus de 35 000 cas sont traités chaque année. Dans ce contexte, les recommandations 2019 sont extrêmement riches, avec des éléments essentiels couvrant l'ensemble de la pratique clinique, que ce soit dans le cadre du diagnostic (comme l'utilisation de différentes valeurs limites des D-dimères selon l'âge ou la probabilité clinique d'embolie pulmonaire), de l'évaluation du risque (avec une définition claire de l'instabilité hémodynamique et les éléments permettant de souligner qu'une embolie pulmonaire aiguë est à haut risque), de la place respective des différents traitements anticoagulants pour le traitement de l'embolie pulmonaire aiguë, de la durée du traitement, de l'utilisation de scores de risque de récidive et de risque de saignement sous anticoagulants, des situations cliniques imposant une prise en charge particulière (femme enceinte, patient atteint de cancer) ou, enfin, du suivi à long terme et du dépistage d'éventuelles séquelles.
Dans 1 à 3 % des embolies pulmonaires aiguës, la persistance d'une obstruction artérielle pulmonaire cicatricielle associée à des anomalies des petits vaisseaux pulmonaires peut conduire à une hypertension pulmonaire thromboembolique chronique qui est une cause de handicap, d'insuffisance cardiaque et de mort prématurée en l'absence de traitement. Cette maladie vasculaire pulmonaire grave est un enjeu majeur du fait de la méconnaissance de cette complication d'une maladie fréquente, conduisant à des diagnostics tardifs et au risque de décès. Il est important de souligner que la Société européenne de pneumologie a mis en place un groupe de travail sur cette forme traitable d'hypertension pulmonaire et qu'une publication résumant les connaissances actuelles sur ce thème sera disponible d'ici 2 ans. Enfin, l'hypertension pulmonaire thromboembolique chronique a été identifiée comme un sujet à soutenir dans le cadre de l'appel à projets Recherche hospitalo-universitaire en santé du Programme d'investissements d'avenir. DESTINATION 2024 (3, 4) est l'un des 15 projets lauréats en 2019. Il a pour objectif de favoriser le diagnostic précoce, d'évaluer la sévérité et de traiter l'hypertension pulmonaire thromboembolique chronique de façon optimale avec les approches chirurgicale (endartériectomie pulmonaire), interventionnelle (angioplastie pulmonaire par ballonnet) et médicamenteuse (anticoagulants et traitements de l'hypertension pulmonaire), ces différents traitements pouvant être associés.