L'émergence de la maladie oligométastatique représentée par un nombre limité de métastases et d'organes atteints se pose comme un nouveau concept d'intérêt majeur, qui impose des changements significatifs en termes de prise en charge et d'objectifs de traitements à visée curative. Ce nouveau paradigme, qui souligne la complémentarité des associations thérapeutiques, conduit à des évolutions de pratiques alimentées par des essais prospectifs [1-3] devant être intégrés dans nos organisations de soins. De stade intermédiaire, situé entre la maladie localisée et la maladie multimétastatique, de nombreuses caractéristiques restent, cependant, à consolider, tant en termes de définition exacte de la maladie oligométastatique, des objectifs et du timing optimal d'administration des traitements focaux sur la tumeur primitive et les sites métastatiques (chirurgie, radiothérapie, radiologie interventionnelle) et des traitements systémiques (chimiothérapie, immunothérapie, thérapies ciblées). En effet, la présentation clinique des formes oligométastatiques est variable, avec des situations d'oligométastases de novo synchrones ou métachrones, d'oligopersistance ou d'oligoprogression. La définition même de la maladie oligométastatique reste à préciser. L'EORTC (European Organisation for Research and Treatment of Cancer) a proposé une première uniformisation en fixant le nombre maximal de métastases par organe, dépendant des possibilités de réalisation de traitements radicaux à visée curative sur chacun des sites, avec un profil de toxicité acceptable (avec un maximum de 5 métastases dans 3 organes) [4]. Les efforts d'uniformisation doivent être poursuivis, d'autant plus que dans les essais prospectifs, bien qu'autorisant l'inclusion de patients avec 3 à 5 métastases, la majorité des patients ayant été inclus présentaient 2 métastases au maximum. Aussi, le recours à des moyens diagnostiques les plus performants (TEP-TDM, remnographie…) est essentiel. L'utilisation de traitements focaux dans une stratégie curative est souhaitable devant la cinétique et la biologie particulières à ce stade de la pathologie, mais elle doit être mise en œuvre au moment le plus approprié. Il semblerait que le traitement systémique premier représente un facteur pronostique significatif permettant d'identifier les patients “oligométastatiques vrais” éligibles aux traitements focaux et qui pourraient tirer un bénéfice d'une approche focale curative en termes de survie sans progression et de survie globale, et ainsi d'éviter un “surtraitement” chez certains patients. En effet, un des points majeurs de la prise en charge à ce stade est de proposer un traitement non pas parce qu'il est techniquement faisable, mais surtout parce qu'il apporte un bénéfice clinique réel et significatif, associé à une tolérance satisfaisante ; et ce d'autant plus que le caractère séquentiel d'administration des thérapeutiques diminue au profit de traitements systémiques continus, auxquels s'ajoutent des traitements focaux. C'est pourquoi il est essentiel d'identifier ces cas en réunion de concertation pluridisciplinaire pour une prise de décision partagée. Ces progrès de prise en charge en oncologie thoracique, valorisant l'expertise de chacun des intervenants, nécessitent d'être encore évalués.