Depuis 130 ans bientôt, les Jeux olympiques modernes, qui prolongent la tradition des Jeux olympiques de la Grèce antique, non seulement réunissent des athlètes de tous les pays – ou presque –, mais aussi servent de caisse de résonance aux idées, aux aspirations, aux revendications, aux combats, voire aux conflits, et ce au nom des valeurs de l’Olympisme. Si la devise olympique est “Citius, Altius, Fortius – Communiter” (Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble), l’Olympisme, est-il écrit, “est une philosophie de la vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’Olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple et le respect des principes éthiques fondamentaux universels”. On peut comprendre que cette ambition primordiale – au sens qu’elle sert d’origine à l’esprit des Jeux – ait non seulement fait exister tous les 4 ans des compétitions pétries d’un idéal de beau, de bon, de paix et de fraternité, mais aussi rendu encore plus visibles le laid, le mauvais, la guerre et le rejet de l’autre. Les exemples ne manquent pas.
Avec l’organisation des prochains Jeux en France, le président de la République a décidé de faire de la promotion de l’activité physique et sportive la Grande Cause nationale 2024, arguant que ce rendez-vous sera “une occasion sans pareille de mettre le sport et ses bienfaits au coeur de notre société”. Primordiale – au sens, cette fois, de son importance fondamentale – est ainsi considérée la pratique régulière d’une activité physique pour tous. Nonobstant, outre le décalage qui peut hélas apparaître entre la posture officielle et la nécessité impérieuse d’accompagner dans la durée cette noble ambition sur des versants éducatifs, financiers, sociaux et parfois sanitaires, l’article que signe Isabella Annesi-Maesano dans ce numéro de La Lettre du Pneumologue rappelle qu’il est également indispensable d’envisager les effets de la pollution sur la santé lors de la pratique d’une activité physique. Il est donc tout aussi primordial de s’atteler à rendre notre environnement plus respirable en même temps qu’on encourage toutes et tous à ventiler davantage…
Primordiale est également le nom donné à la stratégie de prévention qui consiste à s’attaquer aux causes profondes et aux déterminants sociaux des maladies afin d’empêcher non seulement leur apparition, mais également le développement de leurs facteurs de risque au sein d’une population. La prévention primordiale se distingue de la prévention primaire, dans laquelle les efforts se concentrent sur la prévention de la première occurrence d’un événement clinique chez des personnes ayant un ou plusieurs facteurs de risque. Elle repose sur le principe d’une intervention “le plus tôt possible” pour créer des environnements sains, promouvoir l’équité en matière de santé et favoriser les politiques qui soutiennent la santé et le bien‑être. La promotion d’une activité physique régulière dès l’enfance peut à ce titre être regardée comme une action de prévention primordiale. Néanmoins, il paraît illusoire d’envisager une telle promotion sans s’attaquer aux déterminants sociaux de la santé tels que la pauvreté, l’inégalité des revenus et le défaut d’accès à l’éducation.
De manière plus prosaïque (mais tout aussi primordiale), les Jeux de Paris 2024 nous donnent l’occasion de lire dans ce numéro des articles scientifiques et des témoignages mettant en scène des poumons et du sport. Que ce soit l’occasion de rappeler l’importance du maintien en bonne santé des premiers pour que le second reste un pur plaisir.