L’asthme a longtemps été considéré comme une maladie respiratoire isolée. Les premières descriptions, il y a près de 4 000 ans, font état de patients présentant “une respiration difficile”, ásthma en grec ancien. Entre cette ère lointaine et le siècle dernier, nombre de pathologies et symptômes respiratoires ont été classés, probablement à défaut, sous cette entité d’asthme. Il faudra attendre le début des années 1900, pour que soit fait le lien entre le muscle lisse bronchique, l’atopie et l’asthme.
L’asthme en tant qu’entité unique est probablement désormais obsolète en raison d’une meilleure compréhension de son hétérogénéité sous-jacente. Bien que l’inflammation T2 et l’allergie soient des mécanismes prédominants de l’asthme, le terme “asthme” peut être aujourd’hui considéré comme un terme général pour un ensemble de mécanismes physiopathologiques distincts (endotypes) et de phénotypes variables qui se manifestent tous par des symptômes de respiration sifflante et d’essoufflement, de toux et d’oppression thoracique, et qui s’accompagnent d’une obstruction variable des voies aériennes.
Jusqu’à récemment, la plupart des traitements étaient proposés de manière universelle à tous les patients asthmatiques. Cependant, la diversité de cette maladie entraîne des réponses variables aux traitements. Cela s’explique en partie du fait de la présence de multiples pathologies associées. C’est pourquoi il a été proposé de déconstruire l’asthme en caractéristiques traitables afin de mieux appréhender son hétérogénéité [1].
Parmi ces caractéristiques traitables, on trouve des comorbidités ou pathologies associées à l’asthme. Que ce soit dans l’asthme difficile ou dans l’asthme sévère, de récentes données montrent que c’est sur l’identification et la prise en charge de ces pathologies associées qu’il faut que nous soyons plus rigoureux afin d’améliorer la santé de nos patients [2]. C’est dans ce but que ce numéro de La Lettre du Pneumologue a été développé grâce à des experts de différentes spécialités (dermatologie, gastroentérologie, otorhino‑laryngologie, médecine interne et pneumologie).
Et si nous allions encore plus loin ? Si nous ne considérions plus l’asthme comme une maladie isolée, mais plutôt comme le maillon d’un groupe plus large de maladies : une syndémie ?
Le terme de syndémie est utilisé pour décrire la co-occurrence de maladies ayant des mécanismes et des facteurs de risque communs [3]. Une approche syndémique pour appréhender l’asthme pourrait avoir des implications cliniques importantes : les présentations complexes de la maladie seraient abordées par un diagnostic proactif et holistique, et une prise en charge intégrée de l’ensemble des pathologies associées à l’asthme avec une approche centrée sur le patient plutôt que sur la maladie.