Les psychiatres s'impliquent à nouveau dans le sommeil, et c'est un constat rassurant. Le projet bien avancé d'une formation spécialisée transversale (FST) “sommeil” s'adressant aux internes des spécialités : psychiatrie, neurologie, pneumologie, ORL, cardiologie et médecine du travail, et peut-être d'autres, souligne combien le sommeil est transversal. Déjà, 360 ans av. J.-C., Aristote, dans son Traité du sommeil et de la veille, se posait la question du rapport du sommeil avec le corps et l'esprit, et y apportait sa réponse :
“Étudions maintenant le sommeil et la veille. Quels sont ces deux phénomènes ? Est-ce à l'âme qu'ils appartiennent en propre ? Est-ce au corps ? Ou bien sont-ils communs aux deux ?” En réalité, dans le sommeil, tout se tient… Notre journée construit le sommeil, et le sommeil nous restaure pour affronter la journée. Comme le yin et le yang, qui se complètent sans fin. Force est de constater que notre culture occidentale a trop tendance à isoler et à cliver le fonctionnement humain pour ne penser qu'à l'homme éveillé, celui qui est efficace et qui produit, alors que l'homme endormi renvoie à l'inutilité et à la paresse. Dormir est un état qui nous occupe le tiers de notre vie et ce n'est pas pour rien. C'est même la fonction la plus fondamentale de la physiologie humaine. [ ... ]