Éditorial

Maladies cardiovasculaires et troubles psychiatriques


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Les liens entre maladies cardiovasculaires et troubles psychiatriques sont aujourd'hui un sujet majeur d'études de la littérature scientifique – épidémiologique, clinique, thérapeutique ou encore génétique. Cependant, c'est un sujet qui a beaucoup tardé à être étudié. Pendant longtemps, en effet, la recherche s'est concentrée sur l'étiologie de ces troubles psychiatriques et sur l'amélioration de la prise en charge – les pistes en faveur de cette dernière se fondant sur des critères de jugement purement psychiatriques : dans un premier temps, la réduction des risques d'hospitalisation, de suicide et de troubles du comportement, puis de manière plus précise sur les dimensions symptomatiques. Dernièrement, le fonctionnement concret en situation écologique (c'est‑à‑dire dans le monde réel) et la qualité de vie ont été utilisés dans les études. C'est surtout depuis le début des années 2000 que la réduction majeure de l'espérance de vie des patients souffrant de troubles psychiatriques a été mise en évidence. Cette diminution est aujourd'hui bien connue, elle touche – de manière inégale – tous les troubles psychiatriques. Les causes de cette réduction ont longtemps été considérées comme externes, avec le suicide ou, dans une moindre mesure, les morts accidentelles. Ces causes sont bien entendu impliquées dans la perte d'espérance de vie, mais elles restent mineures en regard de l'impact statistique des maladies cardiovasculaires.

Dans ce nouveau dossier de La Lettre du Psychiatre, nous faisons le point sur ces liens entre troubles psychiatriques et maladies cardiovasculaires, qu'il s'agisse de mortalité, mais également d'impact sur la vie quotidienne et la qualité de vie. Ophélia Godin, chercheuse épidémiologiste spécialisée dans l'impact des maladies cardiovasculaires sur les troubles psychiatriques sévères – notamment les troubles bipolaires et les troubles psychotiques –, présente les principales données sur la réduction de l'espérance de vie, ses liens avec les maladies cardiovasculaires, et insiste sur le rôle de la forte prévalence des facteurs de risque cardiovasculaires chez les patients souffrant de troubles psychiatriques sévères. Ce premier article discute également les principales hypothèses étiologiques pouvant expliquer cette forte prévalence. Nous détaillerons ensuite des maladies cardiovasculaires parfois négligées, mais dont la prévalence et la morbimortalité sont élevées parmi les patients souffrant de troubles psychiatriques : les maladies thromboemboliques veineuses. L'article fait le point sur le risque selon le trouble psychiatrique concerné (troubles psychotiques et schizophrénie, troubles bipolaires, dépression, troubles anxieux). Il étudie les raisons de cette morbimortalité : facteurs de risque communs, conséquences de la prise de psychotropes, rôle des symptômes psychiatriques et notamment de la sédentarité. Il propose un protocole de prévention de ces maladies thromboemboliques veineuses pour les patients mis en isolement thérapeutique. Laura Di Lodovico, psychiatre et chercheuse spécialisée dans le rôle de l'activité physique en psychiatrie, fait le point sur celle-ci, d'un point de vue pathologique comme des points de vue de la prévention et de la prise en charge. Les liens entre troubles psychiatriques et sédentarité y sont présentés, la sédentarité constituant un facteur de risque majeur de troubles cardiovasculaires chez les patients souffrant de troubles psychiatriques. Les principales hypothèses physiopathologiques sont présentées. L'auteur propose des prises en charge qui font appel à l'activité physique et rapporte des travaux avec un haut niveau de preuve sur les bénéfices effectifs d'une activité physique adaptée. Enfin, Joane Matta, chercheuse épidémiologiste spécialisée dans l'étude des liens entre nutrition et troubles psychiatriques, présente ceux-ci. Cette littérature scientifique est à ce jour moins développée que celle sur l'activité physique, entre autres pour des raisons de difficultés de mesure de la qualité et de la quantité de l'alimentation. Les différents régimes alimentaires et leur influence sur les troubles psychiatriques (notamment de dépression) sont traités. Le rôle de la nutrition et ses liens avec les maladies cardiovasculaires sont expliqués. Là encore, des hypothèses physiopathologiques et des pistes thérapeutiques sont évoquées.


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B. Pignon déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.

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