Cette année est très riche en événements sportifs, avec les Jeux olympiques, l’Euro ou encore, comme chaque année, le Tour de France. Les Jeux olympiques de Paris 2024 ont suscité un formidable engouement des Français pour le sport. Mais quels sont les liens réels entre pathologies psychiatriques et activité physique ?
L’activité physique a des bénéfices évidents sur la santé cardiovasculaire ou en cancérologie, et ceux sur la santé psychologique nous apparaissent de plus en plus clairement. L’intérêt est à tous les niveaux de prévention, ce qui est très rare pour une intervention thérapeutique. En prévention primaire et secondaire, l’activité physique semble retarder, voire empêcher l’émergence de troubles psychiatriques. Ce constat est d’une importance capitale dans une société où les jeunes bougent de moins en moins et où le poids des troubles mentaux ne cesse d’augmenter. Par ailleurs, l’activité physique adaptée semble être en mesure de limiter l’impact fonctionnel des pathologies psychiatriques, notamment celui des pathologies chroniques. Les difficultés psychologiques et les troubles psychiatriques marquent le corps, et laissent leur empreinte dans la chair, au point que le rapport au corps semble être profondément altéré dans de nombreuses pathologies psychiatriques comme la dépression, l’anorexie mentale, la schizophrénie ou encore le trouble de stress posttraumatique. Quand un sportif se blesse à une articulation par exemple, il peut récupérer après une prise en charge adaptée. Toutefois, il n’est pas rare que le membre atteint soit moins utilisé alors que la blessure est guérie. La reprise en considération de l’articulation atteinte passe souvent par la remise en mouvement de cette dernière, notamment par des interventions de kinésithérapie. De la même façon, le mouvement semble être un soin psychologique utilisant le corps par des voies ascendantes qui pourraient être différentes des circuits cérébraux utilisés habituellement pour les interventions psychothérapeutiques. La complémentarité de ces 2 approches paraît alors évidente ! De nombreuses études sur le sujet sont publiées dans des revues prestigieuses, mais l’utilisation reste très insuffisante dans les services de psychiatrie. Dans ce contexte, quels pourraient être les points d’évolution pour le futur ? L’intégration de l’activité dans les soins, et en particulier dans les interventions psychothérapeutiques, doit être améliorée. Cette évolution passe par le développement du métier d’éducateur physique adapté. À quel moment de la prise en charge faut-il faire une activité physique ? Avant la psychothérapie ? Avant chaque séance de psychothérapie ? Après la psychothérapie ? Quelle activité physique doit être proposée et pour quel trouble ? Activité physique aérobie ? Yoga ? Travail musculaire ? Sports de combat ? La réponse à toutes ces questions n’est pas claire aujourd’hui, dans le sens qu’elle n’est pas scientifiquement validée, ou dans très peu de cas.
Si le sport est extrêmement prometteur dans le soin, il peut à l’inverse être générateur de troubles. C’est notamment le cas dans le sport de haut niveau, où la prise en considération de la santé mentale des athlètes est récente, renforcée par des programmes européens donnant lieu à des financements importants dans le contexte de l’organisation des Jeux olympiques de Paris. Plusieurs sportifs ont d’ailleurs récemment pris la parole, comme Michael Phelps sur le sujet de la dépression, ou encore Sébastien Boueilh et Sarah Abitbol sur le sujet des violences sexuelles. Là où la question psychologique était encore il y a peu quasiment uniquement guidée par le coaching d’amélioration de la performance, les instances internationales insistent aujourd’hui sur le bien-être des athlètes. Ainsi, certaines recommandent de prendre en charge séparément la question du coaching de performance et le soin de la souffrance psychologique. Dans ce contexte, les interventions pour améliorer la santé mentale des sportifs se sont fortement développées, et il est à espérer que l’évolution continuera dans les années à venir, bien au-delà des Jeux olympiques de Paris 2024.
Alors, à quand la prescription généralisée de l’activité physique dans la prévention et la prise en charge des pathologies mentales, notamment par le développement des maisons sport-santé ? Au sujet du sport de haut niveau, l’adage “tout excès est nuisible” trouve tout son sens. Mais dans une société où les enjeux financiers et sociétaux du sport de haut niveau sont très importants, empêcher la dynamique de la performance est illusoire. En revanche, l’accompagnement des sportifs et de leurs encadrants tout au long de leur parcours doit être poursuivi, bien au-delà des Jeux olympiques. Que cet engouement pour la prise en compte des liens entre troubles psychologiques et sport ne s’arrête pas à cet événement ! Il est à espérer que la marche en route ne s’arrêtera pas là…