Et si nous étions tous des pneumologues qui s'ignorent !
Les rhumatismes inflammatoires, ou autres connectivites, que nous prenons en charge, sont des maladies auto-immunes caractérisées par l'existence de manifestations systémiques diverses. Parmi elles, l'atteinte pulmonaire occupe une place centrale. Elle peut être révélatrice – et le pneumologue est alors confronté à l'identification de la pathologie systémique dans laquelle s'intègrent les manifestations respiratoires –, ou venir compliquer le tableau systémique – et le rhumatologue doit alors savoir adapter sa prise en charge à cette manifestation.
La multidisciplinarité, chère à La Lettre du Rhumatologue, doit permettre d'optimiser la prise en charge de nos patients et, ici, c'est l'interaction naturelle entre les pneumologues, les radiologues, les internistes et les rhumatologues que nous défendons. Ce dossier présente en effet une synthèse actualisée des connaissances sur les manifestations pulmonaires des maladies auto-immunes.
Plusieurs articles offrent une description détaillée des atteintes pulmonaires qui peuvent se rencontrer au cours des différentes maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, sclérodermie, lupus systémique…). Sont exposées les atteintes spécifiques, mais également les complications pulmonaires liées aux différents traitements de fond utilisés chez ces patients.
Les différents articles présentés permettent de guider le praticien face à la survenue de manifestations pulmonaires chez un patient atteint de connectivite. Le risque de complications infectieuses est rappelé, mais également le risque d'atteintes interstitielles liées aux médicaments. Les avancées sur le méthotrexate et le poumon rhumatoïde sont exemplaires à ce titre. Les études épidémiologiques les plus récentes, notamment les études françaises, ont permis de passer de recommandations très restrictives concernant le recours à cette molécule en cas de pneumopathie interstitielle diffuse (PID) préexistante à la démonstration que ce traitement n'induit pas un risque majoré de fibrose pulmonaire chronique chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde et serait même associé à un délai plus long avant l'apparition des PID chez ces patients.
Enfin, ce dossier de La Lettre du Rhumatologue fait la part belle aux espoirs thérapeutiques, avec, bien sûr, une mise au point actualisée sur les résultats des antifibrosants, preuve qu'un phénotypage précis de ces atteintes pulmonaires peut se traduire en progrès thérapeutiques pour nos patients. Par ailleurs, cette revue présente les données actualisées sur l'efficacité des traitements biologiques et ciblés utilisés dans nos rhumatismes inflammatoires sur l'atteinte pulmonaire.
Ainsi, et surtout, ce dossier écrit à la fois par des pneumologues, des radiologues, des internistes et des rhumatologues démontre l'intérêt et l'absolue nécessité d'une prise en charge conjointe et concertée pour le suivi de nos patients atteints de maladies complexes à expression respiratoire. Nul doute que, tous ensemble, nous verrons arriver, très prochainement, des progrès majeurs pour optimiser le suivi de nos patients.
Bonne lecture !