Nous attendions tous ce retour d'un ACR présentiel après 2 années d'un “break” marquées par des congrès digitaux parfois plein d'humour. En 2020 et 2021, nous avions suivi des sessions animées par de brillants orateurs bien installés dans leur cuisine ou même leur salle de bains, en chemise ou en T-shirt, et peut-être même en maillot de bain ! Cela n'a pas nui à la qualité des connaissances partagées, mais force est de constater que le suivi digital d'un congrès comme l'ACR ne peut pas se faire avec la même assiduité et la même intensité qu'en présentiel. Nous piaffions donc d'impatience de retrouver l'ambiance si particulière des allées du congrès, des couloirs où l'on croise des proches, mais aussi des rhumatologues du monde entier.
Plus encore que l'EULAR, l'ACR vous imprègne d'une rhumatologie sans frontières, qui est un petit bout de l'universalisme dont nous avons tant besoin. Ce moment partagé, plein de gourmandise et de passion, nous montre aussi une facette formidable du génie humain. Cela fait tant de bien, car nous avons traversé ensemble une année terriblement difficile en affrontant des difficultés quotidiennes sans précédent dans un monde qui a replongé dans une obscurité et un obscurantisme que nous pensions, naïvement, d'un autre temps.
Alors, à Philadelphie, nous avons partagé un moment de bonheur, d'intense stimulation intellectuelle, mais aussi d'amitié profonde. Nous avons perçu, avec beaucoup de plaisir, la joie de nous retrouver pour discuter de nos projets, des grandes avancées en rhumatologie, mais aussi simplement de la vie. Malgré toutes ces difficultés que nous traversons, ou plutôt à cause d'elles, nous prenons conscience qu'il faut faire preuve, plus que jamais, d'altruisme et de générosité, alors que notre quotidien harcelant nous pousse inéluctablement à nous recroqueviller et à prescrire des choses qui nous semblent si chères. Plus que jamais, il faut redéfinir ensemble l'indispensable, l'essentiel et le superflu.
Au-delà de la rhumatologie et des magnifiques moments de découverte de la connaissance, Philadelphie a été aussi un moment de redécouverte du bonheur de partager. Notre équipe “post-ACR”, avec ses jeunes et vieux briscards de la rhumatologie, a souhaité, plus que jamais, prolonger ce moment de partage avec vous, fidèles lecteurs de ce numéro spécial. C'est pour nous, très modestement, une forme d'expression de notre gratitude, comme une petite ode à la vie.
Alors, vive la vie, et vive notre rhumatologie !