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Dossier

Pathologies microcristallines


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Goutte

Facteurs de risque de goutte

L'actualité de la goutte n'a pas été majeure au cours de ce congrès de l'EULAR. Cependant, quelques ­présentations intéressantes sur les facteurs de risque de goutte méritent d'être soulignées. Une première étude de cohorte américaine a suivi près de 30 000 adultes entre 1984 et 2018, et a cherché à évaluer l'impact du surpoids sur la survenue d'une goutte, plus particulièrement chez des sujets prédisposés génétiquement (abstr. OP0202). Le surpoids était associé à une augmentation du risque de goutte, aussi bien chez les sujets prédisposés génétiquement que chez les sujets non prédisposés, avec un risque attribuable de 31,6 % (IC95 : 23,4-38,5) chez les hommes prédisposés génétiquement et de 48,5 % (IC95 : 38,8-55,9) chez les femmes prédisposées ­génétiquement, contre 29,7 % (IC95 : 17,2‑39,5) chez les hommes non prédisposés et 29,0 % (IC95 : 10,5‑42,1) chez les femmes non prédisposées. La même équipe s'est intéressée à l'interaction entre le régime alimentaire et les gènes dans le cadre de la survenue d'une goutte (abstr. OP0203). Dans ce travail, les 18 247 femmes de la cohorte d'infirmières du National Health Service (NHS), système de la santé publique du Royaume-Uni, ont été suivies entre 1984 et 2018, avec une évaluation qualitative de leur adhésion aux régimes alimentaires DASH (dietary approaches to stop hypertension) et occidental ; le régime DASH est un régime riche en fruits et légumes et pauvre en sel, tandis que le régime occidental est riche en graisses et en sucres. Dans ce travail, l'adhésion au régime DASH était associée à une diminution du risque de goutte, tandis que ­l'adhésion au régime occidental augmentait le risque de goutte. Une autre étude basée sur 2 cohortes américaines a quant à elle retrouvé une augmentation de 50 % du risque de goutte incidente en relation avec un régime alimentaire pro-­inflammatoire, comme le régime occidental (abstr. OP0235). Ces travaux insistent donc sur l'importance du respect des règles hygiénodiététiques pour prévenir la survenue d'une goutte incidente, plus particulièrement chez les sujets ­prédisposés génétiquement.

Enfin, une étude coréenne a révélé qu'une ménarche tardive, une ménopause précoce et une courte période reproductive étaient associées à une augmentation du risque de développer une goutte (HR = 1,10, IC95 : 1,02-1,19 ; HR = 1,12, IC95 : 1,06‑1,19 ; et HR = 1,10, IC95 : 1,06-1,14, respectivement), de même que l'exposition à une contraception orale (HR = 1,05 ; IC95 : 1,02-1,08) ou à un traitement hormonal substitutif (HR = 1,19 ; IC95 : 1,14-1,23) (abstr. OP0206). Ce travail témoigne donc du probable rôle protecteur des estrogènes endogènes et du rôle délétère des estrogènes exogènes.

Comorbidités et pronostic de la goutte

Il est établi que la goutte est associée à un certain nombre de comorbidités, notamment cardiovasculaires et rénales [1]. Cependant, la relation causale entre la goutte et les comorbidités cardiovasculaires est incertaine. Une étude de cohorte suédoise, menée entre 2007 et 2017, a donc cherché à évaluer le risque de premier syndrome coronarien aigu (SCA) chez des patients ayant une goutte incidente, par rapport à la population générale appariée sur l'âge et le sexe (abstr. OP0192). Ce travail a révélé que le taux d'incidence des SCA était plus élevé chez les patients goutteux que dans la population générale (9,0/1 000 PA contre 6,3/1 000 PA ; p < 0,05), avec un HR brut de 1,43 (IC95 : 1,32-1,55) ; la force de cette association diminuait, mais restait statistiquement significative après ajustement sur l'âge, le sexe, les facteurs de risque cardiovasculaire, les comorbidités cardiovasculaires, pulmonaires et rénales, et la prise de traitements à visée cardiovasculaire (HR = 1,15 ; IC95 : 1,05-1,24). Ainsi, il ressort de cette étude que les sujets goutteux ont plus de comorbidités cardiovasculaires que la population générale, mais que la goutte en elle-même pourrait être associée à une augmentation du risque de SCA.

Une autre étude cas-témoins nichée emboîtée dans une cohorte suédoise a cherché à évaluer le risque et les causes de décès chez les sujets goutteux par rapport à la population générale (abstr. OP0208). Après ajustement sur l'âge, le sexe, les facteurs socio­démographiques et les comorbidités, les sujets goutteux avaient un risque de ­mortalité toutes causes confondues augmenté de 8 % par rapport à la population générale (HR = 1,08 ; IC95 : 1,05-1,11), les causes de décès les plus fréquentes étant les causes ­cardiovasculaires, rénales, infectieuses et digestives. En revanche, il existait chez les patients ­goutteux un moindre risque de décès en lien avec une démence par rapport à la population générale (HR = 0,68 ; IC95 : 0,60-0,77).■

Références

1. Stamp LK, Chapman PT. Gout and its comorbidities: implications for therapy. Rheumatology (Oxford) 2013;52(1):34-44.


Liens d'intérêt

J. Kedra déclare ne pas avoir de liens d’intérêts enrelation avec cet article.

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