Éditorial

Cancer du sein : les avancées majeures dans sa prise en charge


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Pour ce 100e numéro de La Lettre du Sénologue et le suivant, nous avons décidé de prendre du recul et d’essayer de mesurer le chemin parcouru depuis ces 30 dernières années dans la prise en charge des patientes atteintes d’un cancer du sein. Nous avons toutes et tous “le nez dans le guidon”, submergés par nos activités quotidiennes, et ne prenons pas toujours la mesure des progrès réalisés. Une somme de petits pas a permis une réelle avancée, comme l’illustre la récente étude réalisée au Royaume-Uni qui montre l’amélioration du pronostic et des taux de guérison chez les femmes. 500 000 femmes souffrant d’un cancer du sein diagnostiqué à un stade précoce ont été enregistrées entre janvier 1993 et décembre 2015, et suivies jusqu’en décembre 2020. Le taux de mortalité à 5 ans était de 14,4 % chez les femmes dont le diagnostic avait eu lieu entre 1993 et 1999 contre 4,9 % chez celles dont le cancer avait été diagnostiqué entre 2010 et 2015. Le taux de mortalité annuel a été divisé par 3 pour les patientes atteintes d’un cancer RE+ et par 2 pour celles atteintes d’un cancer RE−. Cette étude met en évidence le double bénéfice du dépistage et des progrès thérapeutiques [1].

Dans cette première partie du dossier, nous revenons sur certaines avancées et certains progrès dans les modalités diagnostiques et la connaissance des facteurs pronostiques. Quatre articles reviennent sur les principales avancées en imagerie : le dépistage organisé et son devenir, l’évolution de l’imagerie interventionnelle – de la ponction cytologique à la biopsie sous IRM –, le rôle de l’IRM et la place en devenir de l’intelligence artificielle. Un autre article fait le point sur l’imagerie fonctionnelle et notamment sur la place de la TEP-TDM. L’anatomopathologie, pilier essentiel du diagnostic de certitude en cancérologie et en sénologie, a également beaucoup évolué, de la pure morphologie indispensable à l’apport de l’immunohistochimie pour lever certains doutes, conforter des diagnostics difficiles, etc. Dans ce domaine également, l’intelligence artificielle se développe non pas en remplacement du médecin, mais pour améliorer ses performances. C’est certainement grâce à l’essor de la biologie moléculaire que nous avons le plus progressé ces dernières années dans la connaissance des cancers du sein nous permettant d’adapter nos prises en charge aux différentes variétés de cancer du sein en passant “du prêt-à-porter à du sur-mesure” ou, tout du moins, en tâchant de nous en rapprocher. Enfin, si nous savions depuis toujours que les antécédents familiaux augmentaient le risque de développer un cancer du sein et qu’il y avait des familles à risque, l’oncogénétique a permis la mise en évidence de gènes responsables et de codifier des modalités de prise en charge adaptées pour ces femmes porteuses de variants pathogènes. Cette connaissance a ainsi permis de développer des thérapeutiques spécifiques comme les inhibiteurs de PARP.

Bref, de multiples petits pas pour un réel progrès !

Références

1. Taylor C et al. Breast cancer mortality in 500 000 women with early invasive breast cancer in England, 1993-2015: population based observational cohort study. BMJ 2023;381:e074684.


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M. Espié déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.

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