À l’issue des Jeux olympiques, nous consacrons ce numéro de La Lettre du Sénologue à l’activité physique et au cancer du sein.
Dans sa tribune, Marc Perelman nous pousse à réfléchir sur la nature réelle des Jeux olympiques, notamment sur la différence fondamentale entre le “jeu” et le “sport”. Difficile de ramer à contre-courant dans le climat actuel…
Martine Duclos nous rappelle que le risque de survenue d’un cancer du sein est diminué en moyenne de 25 % chez les femmes les plus actives comparativement aux femmes les moins actives.
Caroline Cuvier nous confirme que l’activité physique réduit le nombre de récidives et de décès par cancer du sein si elle est pratiquée au-delà du seuil de 150 minutes par semaine, de façon régulière et avec une intensité au moins modérée. Elle diminue aussi le nombre de décès toutes causes confondues et elle permet enfin une amélioration de la qualité de vie, une diminution de la fatigue induite par le diagnostic et les traitements et, probablement, une meilleure tolérance de l’hormonothérapie.
Philippe Marijnen et al. nous rappellent que le cancer du sein métastatique n’est pas une contre-indication à une activité physique adaptée et que les données de la littérature suggèrent des bénéfices multiples, notamment en termes de qualité de vie et de capacités fonctionnelles.
Carole Maitre nous dresse un tableau des bénéfices des activités physiques au cours de la prise en charge thérapeutique d’un cancer du sein : en particulier diminution de la fatigue liée au cancer, maintien de la masse musculaire et de la densité osseuse, réduction des effets indésirables des traitements, amélioration de la qualité de vie.
Difficile de ne pas être convaincu !
Toutefois, pour moi, la notion essentielle, si l’on souhaite que les femmes aient envie de pratiquer une activité physique, est celle de plaisir, surtout si l’on souhaite qu’elles la poursuivent dans la durée. Qui n’a pas souvenir de cours de gym rébarbatifs, d’entraînements quasi militarisés, de stress lié à un esprit de compétition hors propos ! Outre les bienfaits du sport sur la santé, la socialisation et l’activité en groupe sont primordiales et vécues comme telles par nos patientes. Dans ces activités, chacune doit se sentir valorisée quelles que soient ses capacités ou son niveau de performance, comme nous le témoigne Christine Janin par la biais de l’association À chacun son Everest ! La notion de plaisir partagé est essentielle.
Il est illusoire de penser qu’on va transformer une femme de 65 ans qui n’a jamais fait de sport en une athlète de haut niveau, apte à participer aux Jeux olympiques. Cependant, on aura gagné la partie si on réussit à lui permettre d’éprouver du plaisir lors des activités physiques qu’elle aura choisies et de ne pas se sentir dévalorisée par des performances “insuffisantes”.
Enfin, il reste également à faciliter la pratique d’une activité physique en la rendant accessible à toutes financièrement. Cet investissement dans la prévention sera “rentable” à moyen terme et réduira la perte de chance des femmes issues des milieux défavorisés, qui sont de plus en plus nombreuses depuis ces dernières années.