Les données présentées en sénologie lors de cet ESMO 2024, à Barcelone, ont été particulièrement riches et source de perspectives pour l’avenir. Tout d’abord, dans le cancer du sein au stade précoce, les femmes “jeunes” (non ménopausées) ont été à l’honneur dans plusieurs présentations, ce qui montre l’intérêt majeur de motiver une bonne observance à l’hormonothérapie adjuvante pour diminuer significativement le risque de récidive, ainsi que le bénéfice confirmé en survie globale de prescrire une suppression ovarienne en cas de haut risque de récidive.
L’actualisation à 4 ans des résultats de l’étude NATALEE a confirmé le bénéfice significatif de l’ajout du ribociclib (prescrit pour 3 ans) à l’hormonothérapie adjuvante, y compris chez les patientes à risque intermédiaire de rechute, non incluses dans l’étude MonarchE.
Enfin, les données de survie globale de l’étude KEYNOTE-522 ont convaincu les derniers réticents de l’intérêt important et incontournable à prescrire un anti-PD-1, le pembrolizumab, en association à la chimiothérapie néoadjuvante dans les cancers du sein triple-négatifs en phase précoce ≥ T2 et/ou ≥ N1.
Une des présentations principales, et susceptible de faire changer les pratiques nationales et internationales, concernait les modalités de radiothérapie en situation adjuvante, dont la durée ne devrait plus excéder 3 semaines de traitement (en 15 séances), qu’il y ait ou non indication d’irradiation ganglionnaire, grâce aux données à 5 ans de l’essai HypoG-01, présentées par Sofia Rivera en séance plénière, marquant un tournant important dans la prise en charge adjuvante des cancers du sein.
Plusieurs présentations ont apporté des perspectives intéressantes dans la prise en charge du cancer du sein triple-négatif métastatique, enjeu majeur pour les oncologues médicaux, avec notamment la présentation de 2 anticorps conjugués bispécifiques combinant antiangiogénique et immunothérapie dans des essais de phase II aux résultats encourageants.
Dans le cancer du sein RH+ HER2− métastatique, de nouvelles options thérapeutiques ont été présentées, telles que l’absence probable d’intérêt à prescrire une chimiothérapie d’induction par paclitaxel avant une hormonothérapie avec inhibiteurs de CDK4/6 (iCDK4/6) dans les maladies agressives, ainsi que les résultats d’un essai de phase précoce prônant l’association iCDK4 + iCDK2 pour dépasser la résistance aux iCDK4/6.
Forts de toutes de ces possibilités, il nous appartiendra, comme toujours, d’accentuer nos efforts sur la gestion des soins de support pour améliorer l’accompagnement de nos patientes pendant leurs traitements et dans l’après-cancer. Un article complet est dédié à cette thématique, et aborde la question des toxicités des nouvelles thérapies auxquelles nous avons accès en sénologie, notamment celles de l’immunothérapie, des pneumopathies interstitielles diffuses sous trastuzumab déruxtécan, ainsi que des axes d’amélioration des soins de support dans l’après-cancer (bénéfices de l’APA, place de l’allaitement après un cancer du sein, apports de la méditation, etc.).