L'amélioration de la prévention, primaire comme secondaire, constitue l'un des 4 axes de la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 [1]. Parmi les pistes de réflexion de ce premier axe ont été cités le renforcement de la prévention dès le plus jeune âge, à l'école, avec des projets de promotion de la santé, la réduction de l'exposition au tabac et à l'alcool, des initiatives sur la nutrition et l'activité physique, la vaccination contre l'HPV, l'accès au dépistage…
Pour la prévention des risques des cancers dits féminins, des méthodes spécifiques sont disponibles et méritent d'être placées au centre de nos préoccupations, une réduction de la morbidité et de la mortalité par cancer pouvant en résulter. Aussi avons-nous dédié ce numéro de La Lettre du Sénologue à la prévention des cancers chez la femme, en particulier mammaires, mais aussi de l'ovaire.
Marc Espié nous présente les différentes stratégies de prévention du risque de cancer du sein chez les femmes à risque dit “moyen” (non porteuses d'une mutation et sans très haut risque héréditaire). La prévention hormonale par tamoxifène ou inhibiteur de l'aromatase est séduisante, mais se heurte à ses effets indésirables qui en limitent l'utilisation à visée préventive dans cette population. Il nous démontre, en revanche, que des règles hygiénodiététiques peuvent réduire significativement le risque de cancer du sein. Ainsi, exposer aux femmes les bénéfices de cette hygiène de vie, sans les culpabiliser, pourrait constituer une stratégie préventive efficace.
Marie Bannier et Fares Benmiloud font le point sur la mastectomie de réduction de risque chez les femmes à haut risque génétique, stratégie majeure de prévention dans cette population, puisqu'elle est associée à une réduction de l'incidence du cancer du sein et de la mortalité associée. Ils exposent les différentes techniques chirurgicales de mastectomie prophylactique, et les déterminants du choix entre les techniques. Ils nous expliquent comment se déroule le parcours des patientes, et l'importance d'une décision médicale partagée.
Martine Boisserie-Lacroix explique l'intérêt de l'IRM mammaire dans la surveillance des femmes porteuses d'un variant pathogène des gènes BRCA. Elle détaille également les difficultés d'interprétation de cet examen, qui justifient une expertise des radiologues qui prennent en charge le suivi de ces patientes, et un circuit organisé pour les prélèvements qui découleraient de ces bilans.
Stéphanie Bécourt et Houssein El Hajj nous exposent les différentes options de prévention du cancer de l'ovaire. Les méthodes de dépistage étant peu performantes pour cette pathologie, la prévention a toute sa place. Ils nous montrent que, outre la chirurgie d'annexectomie prophylactique, des pistes de prévention médicamenteuses ou d'autres stratégies chirurgicales sont également à considérer.
Enfin, je vous présente les risques et les bénéfices liés à l'utilisation de différents traitements hormonaux (contraception hormonale, traitement hormonal de la ménopause et traitements de l'infertilité) chez les femmes porteuses d'un variant pathogène de BRCA1 ou 2 ou en cas de syndrome de Lynch. Entre sur-risque et prévention, les traitements hormonaux présentent des spécificités qu'il faut savoir manier pour ces femmes à haut risque de cancer.
Nous voici donc en amont du cancer, pour lequel nous cherchons à éviter la survenue ou la morbidité…
Nous vous souhaitons une bonne lecture !