Éditorial

Covid-19 : est-ce le bout du tunnel ?


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La pandémie due au SARS-CoV-2 a coûté la vie à d'innombrables personnes dans le monde entier. Le 7 mai 2021, près de 3 258 680 décès étaient déclarés dans le monde, dont 106 011 en France, représentant respectivement 2,1 % et 1,6 % de la population dépistée positive à la Covid-19. Depuis mars 2020, cette maladie a aussi affecté la vie sociale, culturelle, économique ainsi que la santé mentale de l'ensemble de la population. Les patients transplantés, du fait de leur statut de personnes immunodéprimées, ont une susceptibilité accrue aux infections virales et sont donc une population à haut risque de forme sévère de Covid-19.

Un groupe de la Société francophone de transplantation (SFT), représentant l'ensemble des spécialités, a été créé dès le début de la crise pour suivre régulièrement l'évolution de la greffe d'organes pendant les vagues épidémiques et l'incidence de la Covid-19 semaine après semaine sur les patients en attente de transplantation, les receveurs de greffe, et sur les programmes de transplantation. Ce dossier spécial fait le point sur de nombreuses analyses évaluant l'impact de la Covid-19 chez le transplanté, ainsi que sur l'actualisation des recommandations concernant le traitement immunosuppresseur et, enfin, sur la vaccination et ses effets chez les transplantés.

Selon les données de l'Agence de la biomédecine rapportées dans ce dossier par le Dr Camille Legeai, l'activité de prélèvement d'organes sur donneurs décédés en 2020 a diminué de 21 % par rapport à la moyenne des deux années précédentes, le nombre de greffes connaît également une baisse de 24 %.

À ce jour, le taux d'incidence de la Covid-19 chez les transplantés ne semble pas plus élevé que celui mesuré dans la population générale, mais la mortalité est plus importante du fait des comorbidités associées à la greffe et au traitement immunosuppresseur pris sur le long terme. La mortalité est souvent liée à des conséquences directes du virus ou indirectes dues à l'immunodépression induite et à des surinfections pulmonaires ou systémiques bactériennes, voire fongiques, fréquentes. Les effets de l'immunosuppression sur l'évolution de la Covid-19 ne sont pas clairement établis. La mortalité des transplantés infectés, qui avoisine les 18-25 % dans différentes études, est plus élevée que dans la population générale; elle est associée à un âge élevé, la présence de comorbidités et l'immunité individuelle. Le groupe SFT a établi des recommandations préliminaires afin d'optimiser l'immunosuppression chez les patients porteurs d'une infection symptomatique au SARS-CoV-2. Ces recommandations, qui ne reposent pas sur des études robustes, ont été élaborées pour guider les cliniciens et sont détaillées par les auteurs de ce dossier en fonction de l'organe transplanté ; elles tiennent compte de l'âge, de la sévérité de l'infection, de l'intervalle entre la date de la transplantation et l'infection, de l'immunosuppression initiale et du risque individuel de développer un rejet.

L'arrivée des vaccins a suscité de nombreux espoirs. Mais les premiers résultats font état d'une faible réponse vaccinale chez les transplantés, comme le signale le Pr Yann le Meur dans son article. Il est donc nécessaire de revoir le schéma vaccinal : 3 injections au lieu de 2 doivent être administrées à 1 mois d'intervalle. Beaucoup de questions se posent quant à l'efficacité des vaccins, leur durée de protection dans le temps et l'impact des mutations du virus sur l'effet attendu ; les recherches en cours permettront sûrement d'apporter des réponses. En attendant, il est impératif de maintenir les gestes barrières de protection.

On est loin de voir le bout du tunnel, les prévisions sont très fragiles et reposent encore sur des hypothèses. Même si de très nombreuses questions restent en suspens, en attente de véritables réponses scientifiques, il faut reconnaître que la recherche en France et au niveau mondial a permis d'accélérer la production des connaissances sur le SARS-CoV-2. Les grands progrès réalisés dans le dépistage, la prise en charge des patients, la gestion de la pandémie et, enfin, la disponibilité très rapide des vaccins sont la promesse d'un avenir meilleur.



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