Pour la communauté des transplanteurs, les greffes ont d'abord été une thérapeutique qui sauve la vie, et ce, dès les années 1960, puis elles sont devenues une thérapeutique qui augmente l'espérance de vie et, plus récemment, qui améliore la qualité de vie. La chirurgie réparatrice faisant appel aux greffes de tissus composites, de la main, de l'avant-bras et de la face, est une réponse logique à un handicap majeur, source de désinsertion sociale, mais elle fait appel à un traitement immunosuppresseur à vie, dont l'interruption conduit inéluctablement à la perte des greffons, alors que la vie n'est pas en danger. C'est un nouveau concept, qui a bouleversé la société civile, mais également le milieu médical, y compris les transplanteurs d'organes, initialement très dubitatifs (surtout pour la greffe de la face). Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) s'est d'ailleurs rapidement positionné pour un accès limité à la transplantation, réservé aux seuls patients amputés des 2 mains, en France. Il est néanmoins intéressant de noter que tous les pays ne se sont pas prononcés de la même manière, et qu'il y a presque autant de cas de greffes chez des patients mono-amputés que chez des patients bi-amputés dans le registre international. Il faut voir à ce propos les communiqués de presse des médecins, du CCNE, de l'Agence de la biomédecine (ABM) et de la presse nationale.