- Le point de vue du transplanteur
L'infection est longtemps restée la principale cause de décès après une transplantation d'organe, à court et moyen termes. Elle constituait un véritable frein à l'amélioration de la survie des patients après la greffe. L'infection est en outre, quelle que soit sa nature – bactérienne, virale, fongique, parasitaire –, souvent associée à un dysfonctionnement aigu ou chronique du greffon.
Des progrès importants dans la sélection des patients candidats à la greffe, dans la sélection des donneurs et dans la technique chirurgicale elle-même (réduction du besoin de transfusions sanguines), ainsi qu'une meilleure connaissance des risques et des complications de la greffe, ont été à l'origine d'une meilleure maîtrise de ce risque et d'une nette réduction de l'incidence de ces infections. Mais, en somme, c'est l'amélioration des outils de diagnostic précoce de l'infection et la prophylaxie antimicrobienne instaurée chez les patients à risque qui ont nettement amélioré le pronostic. [ ... ]
- Le point de vue de l'infectiologue
Les infections sont une complication fréquente et potentiellement sévère au cours des greffes d'organes en raison, d'une part, de l'utilisation de traitements immunosuppresseurs, et ce dès l'induction de la greffe, mais aussi lors d'épisodes de rejets. Elles représentent la première cause de mortalité dans ce contexte, et plusieurs d'entre elles ont aussi un effet sur la survie du greffon. L'histoire naturelle de certaines infections est également modifiée au cours de la transplantation. Les traitements immunosuppresseurs agissent en inhibant des voies importantes de l'immunité cellulaire impliquées dans la reconnaissance des pathogènes, dans la présentation d'antigènes microbiens, l'axe Th1 et Th17 mais aussi le “killing” des micro-organismes. Ceux-ci confèrent un profil d'infections particulier comportant par exemple des micro-organismes tels Listeria, les mycobactéries, les infections à herpèsvirus, la pneumocystose ou la cryptococcose. [ ... ]