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Éditorial

Infections virales transmises par le greffon : jusqu’où peut-on aller ?


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Le rapport entre le risque potentiel de transmission infectieuse et le bénéfice de la greffe est parfois difficile à appréhender. Le contexte est celui de la pénurie d’organes, limitant le nombre de patients pouvant bénéficier à temps d’une greffe d’organe et entraînant des décès en liste d’attente, y compris pour les patients insuffisants rénaux. Les ­performances des examens microbiologiques dans une contrainte logistique d’ischémie froide incontournable ne permettaient pas, jusqu’à ces dix dernières années, de pouvoir caractériser parfaitement le risque de transmission par le greffon au moment de la greffe. Comme vous pourrez le découvrir dans le premier article de ce numéro, des progrès considérables et la mise à disposition d’outils de biologie moléculaire ­performants ont complètement modifié les algorithmes et permettent une meilleure caractérisation dans des délais courts du risque de transmission par le greffon des infections virales.

Par ailleurs, le risque infectieux potentiel ­survient dans un contexte de receveurs “fragilisés” par l’insuffisance d’organe au stade terminal, puis par l’immuno­suppression, mais aussi d’amélioration majeure des ­prophylaxies et des traitements curatifs anti-­infectieux, comme nous l’avons observé depuis 2014 grâce à la mise à disposition de traitements ­permettant ­l’éradication de l’infection virale C.

L’information à délivrer aux patients en attente d’une greffe est délicate et complexe, cela nécessite de bien maîtriser le cadre réglementaire, les critères d’inclusion, les mesures prophylactiques ou les modalités de suivi, dans le but d’identifier et de prévenir le risque infectieux potentiel, éléments décrits en détail dans le dossier de ce numéro. Si l’on se réfère à l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), ­l’information aux patients est “l’expression de faits ou d’opinions ­explicités de façon ­apparemment ­objective, ­fondés sur un savoir porté par une personne, mais qui s’adressent à la subjectivité d’une autre personne”. Si elle est effectivement complexe et s’associe à une somme importante d’autres données concernant la greffe, les informations sur le risque infectieux prodiguées aux receveurs inscrits sur liste d’attente doivent permettre de prendre une décision éclairée. Pour ce faire, il est bien sûr nécessaire de sortir du discours scientifique, cela n’est pas toujours simple mais nécessaire pour le consentement libre et éclairé. On disait qu’­Hippocrate, pour informer une famille ou un patient, allait jusqu’à choisir lors de la consultation deux tabourets d’identique ­hauteur pour que celui qui sait ne domine pas celui qui souffre !

Les données de l’Agence de la biomédecine révèlent qu’un grand nombre des greffons qualifiés pour être prélevés dans le cadre des greffes dérogatoires ne sont finalement pas transplantés, après refus ou faute de receveurs éligibles en attente. Ainsi, tout ou une partie se résume au degré de connaissance et de conviction du transplanteur sur le sujet, ­motivant la mise au point proposée dans ce numéro dédié. La surveillance et l’évaluation des résultats post­greffe dans le contexte des greffes à risque de ­transmission d’agents ­infectieux sont un des ­éléments clés permettant ­d’accumuler des connaissances, ­d’enrichir les modalités de prise en charge et de les ­diffuser aux ­professionnels et aux patients inscrits sur liste d’attente pour une ­information ­objective, mais aussi rassurante dans l’immense majorité des cas. La récente modification permettant le prélèvement et la transplantation de greffons issus de donneurs décédés ayant un test SARS-CoV-2 positif en pré-don en est la toute dernière démonstration.â– 


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C. Antoine déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

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