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Éditorial

En thérapie sur Arte chérie !


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Une fois n'est pas coutume, un regard sur “les étranges lucarnes” en ouverture de ce numéro un peu austère, consacré notamment à une recherche originale française (entretien de Philippe Arvers avec Johanna Lepeule sur le placenta qui conserverait la mémoire du tabac), la nicotine dans tous ses états, le sommeil, les articles portant sur la Covid ou le rapport aux risques, jamais complétement rationnel, comme le décrit Florent Schmitt !

La série d'Arte, “En thérapie”, nous intéresse, car elle traite du psychotraumatisme et d'une exacerbation des comportements addictifs dans le contexte de la crise collective des attentats de 2015, en l'occurrence. C'est bien ce dont souffrent nombre de nos patients. Elle lève le voile sur la pratique de la psychothérapie, souvent décriée ou caricaturée et pourtant indispensable dans la réussite des soins en addictologie.

Chacun des spectateurs a des représentations différentes de la psychothérapie, et sans vouloir juger de la qualité artistique de la série − ce n'est pas mon propos − on peut apprécier les qualités d'accessibilité et de pragmatisme remarquables du Dr Philippe Dayan. Il n'hésite pas à puiser dans ses propres expériences pour expliquer, de façon didactique, au patient (comme aux spectateurs), la complexité des problèmes.

Cette série est une adaptation de la série télévisée israélienne “Be Tipul” (“En thérapie” en hébreu) et Delphine Horvilleur, rabbin de France, rappelle que “Dayan” en hébreu se traduit par “le juge”, celui qui, à la fois, évalue et juge. Le Dr Philippe Dayan, écoute – la série est une façon de scénariser le verset hébreux sans cesse répété “Écoute Israël”, explique-t-elle – et tente de comprendre. Il se donne du temps et n'hésite pas à prescrire un traitement médicamenteux, si nécessaire. A contrario des praticiens ou des équipes se référant à certaines écoles de psychothérapie, qui s'enferment dans une approche rigide et un système de pensée clos, cèdent ainsi à la tentation procustéenne*.

Aucune technique de soin n'est une mécanique que l'on peut utiliser systématiquement. Seule une approche éclectique et pluridisciplinaire peut permettre d'aborder la complexité clinique. Mais éclectisme n'est pas synonyme de facilité, bien au contraire. Une formation théorique et pratique sont nécessaires. Parfois, les entretiens conduits en face à face laissent affleurer les émotions du thérapeute qu'il ne parvient pas à maîtriser. D'où l'importance de l'explicitation de leur ressenti, avec la complicité de la supervision, particulièrement judicieuse d'Esther, Carole Bouquet dans la série !

C'est aussi la possibilité pour les patients d'exprimer des sentiments, même violents ! Ce dont se protègent nombre d'institutions, alors que des règles simples, formulées clairement, comme dans le film, permettent d'en limiter l'intensité plutôt que d'en nier l'existence. Ou pire : de les sanctionner arbitrairement !

Reste − et c'est ce point qui me paraît crucial − que Philippe Dayan est foncièrement concerné par le destin de ses patients et leur singularité. Occasion de rappeler que l'engagement du thérapeute conditionne le succès de la prise en charge globale d'un patient incluant les psychothérapies dont cette série nous donne une vision astucieuse !


* Pour mémoire, Procuste, odieux personnage de la Grèce antique, attirait les voyageurs dans sa demeure où se trouvaient un grand et un petit lits. Il obligeait les grands à dormir dans le petit lit (et leur coupait les jambes) et les petits dans le grand lit (et les leur étirait). Nul n'en réchappait ! Heureusement, Thésée tua Procuste en le soumettant au même supplice ! Nos patients ne doivent pas subir le sort des hôtes de Procuste !



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D. Touzeau déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.

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