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Éditorial

Méthodes complémentaires en addictologie : répondre aux besoins d'information des praticiens


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C'est un fait, nombre de patients ont recours à des médecines non conventionnelles (une soixantaine ont été répertoriées). Dans la deuxième moitié du XXe siècle, on a pu parler de “l'irrépressible montée des médecines différentes” mettant à disposition des patients des techniques de soins dites “médecines parallèles”, obéissant à des systèmes de pensée ou de mise en œuvre totalement différents de ceux de la biomédecine.

Les patients y trouvent des bénéfices en termes de bien-être, de prise en charge spirituelle en cas de détresse, mais l'utilisation de ces soins peut être associée à des risques médicaux (interactions médicamenteuse, retard de prise en charge, résistance vaccinale), ou plus rarement psychosociaux (dérive sectaire, rupture avec le milieu familial, dommages financiers). L'absence de cadre réglementaire pour les soins alternatifs, en opposition à un cadre réglementaire très strict en ce qui concerne les professions de santé, favorise une information peu claire, non conforme aux données de la science et biaisée, en faveur des thérapies alternatives. Gilbert Lagrue insistait sur ce phénomène de croyances qui, pour Thierry Ripoll (Pourquoi croit-on ? éditions Sciences Humaines), sont de “formidables béquilles”. Il n'est pas possible de les aborder frontalement. La seule possibilité est, selon lui, de conduire le croyant à s'interroger sur les processus qui le conduisent à croire, et il ajoute que “s'interroger sur la genèse d'une croyance est plus efficace que remettre en cause sa validité”. Et cela reste en dernier recours le seul moyen de rester en contact avec une personne convaincue des mérites d'une méthode alternative.

Un nombre important de praticiens se sont investis dans ces pratiques (acupuncture, hypnose, ostéopathie). Elles offrent une opportunité une opportunité de revalorisation professionnelle. Certains praticiens veulent adapter la réponse à une demande de soins qui s'inscrit dans un contexte sociétal de refus du progrès scientifique et de la société de consommation, avec la recherche d'une vie plus saine et d'une meilleure gestion du capital santé. D'autres se sont tournés vers ces pratiques face à des pathologies mal prises en charge par la médecine et ont trouvé des réponses plus adaptées en conservant les aspects de la méthode pas très éloignée de la biomédecine. Reste que l'évaluation de l'efficacité thérapeutique de ces méthodes questionne sur le choix des critères de jugement utilisés dans les essais cliniques randomisés, et interroge sur la place qui doit être accordée à la vision du patient.

Une enquête présentée au congrès 2021 à Reims de la Société francophone de tabacologie, intitulée “hypnose, acupuncture et autres méthodes”, a permis de recueillir l'avis de 90 professionnels de santé (sur 312 sollicités), dont près des deux tiers étaient médecins. Pour désigner ces méthodes, les personnes interrogées ont déclaré utiliser le terme “méthodes complémentaires” (71 %), plutôt que “méthodes alternatives (14 %), médecine globale ou douces”.

Ils étaient 70 % à se poser la question d'un recours pour leurs patients et à estimer que ce sont surtout les femmes âgées de 30 à 50 ans (80 %) qui sont tentées par ces approches. Le verbatim est riche, mais globalement les praticiens interrogés ont noté que les personnes qui se tournent vers ces méthodes sont plutôt anxieuses, influençables, avec des fausses croyances. Elles sont volontiers décrites comme “nicotinophobes”, méfiantes vis-à-vis de la médecine traditionnelle ou en échec de traitement. À la question sur les méthodes qu'eux-mêmes choisissent, l'hypnose vient largement au premier rang (94 %), suivie de l'acupuncture (74 %).

Les attentes des addictologues en matière d'information sont fortes (83 % dans l'enquête menée auprès des tabacologues). Nous abordons l'acupuncture dans ce numéro et reviendrons sur l'hypnose le trimestre prochain.



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D. Touzeau déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.

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