Lorsque Le Courrier des Addictions voit le jour au début de 1999, grâce à la volonté des pionniers qui constituent l'ossature de la revue (Didier Touzeau, Florence Arnold-Richez, Boyan Christophorov, Fabien Cohen, Marc Auriacombe, Pascal Courty, Florence Noble...), et le professionnalisme de l'équipe éditrice du groupe Edimark, peu misent sur sa pérennité : le “secteur” n'est pas porteur sur le plan commercial, les consommateurs de drogues intéressent peu de monde. Les médecins n'ont pas pour habitude de prendre la plume pour écrire, et encore moins de payer pour s'informer. Alcoologues, tabacologues et spécialistes en toxicomanie défendent leurs prés carrés. Les épidémies de VIH et d'hépatites sont préoccupantes et l'addictologie est balbutiante.
Le Courrier des Addictions est né de la volonté consciente d'appuyer le tournant de la politique antidrogue lancée par Nicole Maestracci lors de son accession à la tête de la MILDT avec le premier “Plan Addictions”. Elle sera notre première personnalité interviewée. Le Pr Aimé Charles-Nicolas acceptera notre premier entretien. Notre projet sera d'aborder de façon globale les différentes consommations de substances psychotropes licites ou illicites et leur prise en charge, participer à la construction de la politique de réduction des risques, au développement des traitements de substitution des opiacés, du tabac (varénicline) ou de l'alcool (baclofène). En rendant compte de toutes les avancées de la recherche en neurobiologie et thérapeutique. Pas une question d'idéologie, mais un enjeu majeur de santé publique toujours d'actualité en France, mais aussi dans le monde (voir nos récents entretiens avec nos collègues tunisiens, marocains et algériens).
Vingt ans après son premier numéro, notre revue est reconnue par tous les “acteurs du champ”, tant en France qu'au niveau international, avec une forte identité visuelle obtenue grâce aux toiles prêtées par Anne de Colbert-Christophorov et une conception qui doit beaucoup à Brigitte Hulin (notre ancienne secrétaire de rédaction), des abonnés fidèles (et payants !) et des auteurs motivés. Car, contrairement aux oiseaux de mauvais augure qui nous prédisaient un assèchement rapide de nos ressources rédactionnelles, il n'en n'a rien été. Notre comité de rédaction est motivé, renouvelé (Alain Dervaux est devenu rédacteur en chef adjoint), intégrant une nouvelle génération d'addictologues (Alice Deschenau, Chloé Lucet). Il reçoit chaque trimestre des contributions de qualité, de tous les horizons, sans esprit de chapelle ni de corporations.
En 2019, face au flot d'informations brutes, plus ou moins bien traduites de l'anglais et véhiculées sur Internet, nous sommes toujours attachés à la revue papier de qualité, bien rédigée et bien présentée. Et c'est maintenant une nouvelle présentation plus aérée pour faciliter la lecture que nous vous proposons. Et bien sûr, vos suggestions seront les bienvenues pour améliorer notre revue !