Pourquoi êtes-vous devenu vétérinaire et quelle a été votre formation ?
Dr Laurent Guiot : J'ai toujours eu la passion des animaux et mon père étant vétérinaire, j'ai été immergé dans ce milieu depuis l'enfance. Ayant subi un certain nombre de traumas pendant mon enfance turbulente, j'ai aussi développé un intérêt tout particulier pour l'orthopédie et le trauma de l'appareil locomoteur. J'ai donc longuement hésité entre une carrière de chirurgien orthopédiste et une carrière de vétérinaire jusqu'au jour où je me suis rendu compte qu'il était possible de devenir chirurgien orthopédiste vétérinaire.
Quelles personnalités vous ont le plus influencé au cours de votre cursus et pourquoi ?
L.G. : Mon père, le Dr Jean-Pol Guiot, qui m'a enseigné les bases fondamentales de la clinique et qui m'a poussé à suivre mes objectifs de devenir chirurgien spécialisé.
Le Dr Guy Mailhot, chirurgien à la clinique vétérinaire de Daubigny au Québec, qui m'a appris les bases fondamentales de la chirurgie moderne et m'a ouvert la voie vers la spécialisation.
Le Dr Loic Dejardin de la Michigan State University, qui a été et reste un de mes mentors les plus influents de ma carrière d'orthopédiste vétérinaire.
Quels ont été vos centres d'intérêt et comment ont-ils évolué avec le temps ?
L.G. : Mon centre d'intérêt a toujours été l'orthopédie en général et le trauma en particulier. Aujourd'hui, mes 2 centres d'intérêt majeurs sont l'utilisation des techniques minimalement invasives pour la réparation des fractures et les techniques de reconstruction articulaire (prothèses partielles ou totales pour la hanche, le genou, le coude et le tarse).
Quelles ont été les principales avancées dans votre domaine durant les 10 dernières années ?
L.G. : Le développement des systèmes non cimentés pour les prothèses est une des avancées majeures dans le domaine de la reconstruction ostéoarticulaire. L'autre avancée technologique majeure est le développement de l'impression 3D (rapid prototyping and 3D printing) qui permet aujourd'hui la création de guides chirurgicaux individuels. Dans les années à venir, cette technologie nous permettra aussi de produire des implants customisés pour répondre parfaitement aux besoins individuels de nos patients.
Quels ont été selon vous vos principaux apports à la spécialité ?
L.G. : Mon engagement dans les programmes éducatifs dédiés aux chirurgiens. J'ai la chance de pouvoir enseigner au travers de plusieurs organisations comme l'AO (Arbeitsgemeinschaft für Osteosynthesefragen) et l'ACVS (American College of Veterinary Surgeons) à différents niveaux. J'espère à travers ces activités contribuer à l'épanouissement de jeunes collègues et indirectement à l'expansion de notre profession.
Quelles questions scientifiques ou médicales restent actuellement pour vous sans réponse et comment y remédier ?
Il y a beaucoup de questions qui sont sans réponses et les réponses viendront progressivement grâce à la recherche, tant fondamentale que clinique. Un des problèmes majeurs de la médecine moderne est le développement des résistances antibiotiques. Ce problème doit être examiné au plus vite et la priorité doit être donnée aux techniques permettant de limiter les risques infectieux et de traiter les infections de manière efficace sans recourir aux antibiotiques systémiques. D'un point de vue trauma orthopédique, le traitement des non-unions osseuses, principalement chez les chiens des races naines, est aussi un domaine qui demande des efforts de recherche importants.
Comment selon vous améliorer la prise en charge des animaux dans votre domaine ?
L.G. : Il faut améliorer les connaissances fondamentales des vétérinaires praticiens pour éviter les délais d'attente dans le traitement des pathologies locomotrices, particulièrement chez les animaux en croissance.
Comment selon vous améliorer l'enseignement des étudiants et la formation des vétérinaires ?
L.G. : Question complexe sans réponse facile. De manière générale, la profession vétérinaire est devenue tellement complexe qu'il est difficile, si ce n'est impossible, d'avoir une connaissance globale du métier. Donc, à mon avis, il faudrait favoriser un curriculum qui réduise le champ d'enseignement au domaine d'exercice relativement tôt dans le cycle éducatif. Pour les étudiants destinés à une carrière clinique, l'exposition aux exemples pratiques et à la vie de clinicien devrait se faire dès la première année, car le sens clinique se développe au cours d'années et non de semaines… donc plus tôt on commence, meilleur on sera à la sortie des études.
Une maxime qui vous est chère pour conclure ?
L.G. : “Failure to plan is planning to fail.”