La stérilisation chirurgicale… un des actes sans doute les plus fréquemment pratiqués chez les chiens, les chats et les NAC par les vétérinaires. Ne sont-ce même pas les premiers actes chirurgicaux qu'il nous a été donné de pratiquer ? Est-il possible qu'il y ait suffisamment d'informations nouvelles à partager sur un tel sujet pour qu'une nouvelle revue décide d'en faire son premier dossier ?
Et pourtant l'actualité est riche sur le sujet. En témoigne l'augmentation magistrale du nombre de publications consacrées à ce thème dans la littérature internationale depuis la fin des années 2000 : alors que le moteur de recherche PubMed recense 72 publications dans le domaine pour l'année 2000, il en trouve 380 en 2021 (recherche (dog OR bitch OR cat OR feline OR canine)AND (neuter OR sterili* OR spay*)).
Plusieurs raisons à ce regain d'intérêt : tout d'abord, le renouveau de la stérilisation médicale. Jusqu'à récemment, la seule option possible dans la pharmacopée était représentée par les progestagènes, dont l'usage est nécessairement risqué pour la santé utérine et mammaire notamment. L'avènement de solutions hormonales assorties de moins d'effets indésirables, comme la desloréline et la mélatonine, est ainsi venu rencontrer une réticence sociétale à l'acte chirurgical de convenance sur un animal qui prend une place de “membre de la famille”. Cette nouvelle place de l'animal explique aussi pourquoi on s'interroge de plus en plus sur le lien entre comportement et stérilisation : est-il pertinent de stériliser face à tout trouble comportemental ? Comment la stérilisation va-t-elle modifier le comportement ? La stérilisation médicale – réversible – devient donc une option adaptée à la demande de certains propriétaires, en test ou en remplacement d'une solution chirurgicale.
L'autre raison de ce regain d'intérêt pour cette pratique ancienne est le jour nouveau dont l'éclairent des suivis de cohortes à long terme. Le postulat d'un effet globalement positif sur la santé d'un animal de l'ablation de ses gonades se trouve remis en cause par les suivis médicaux des animaux stérilisés qui voient augmenter leur risque de développer certaines affections tumorales ou orthopédiques, très éloignées de l'anatomie ou de la physiologie génitales. On redécouvre alors que la fonction d'une gonade ne se restreint pas à la production des gamètes, mais qu'elle reste une glande, en interaction avec de nombreuses fonctions physiologiques sans rapport avec la reproduction.
Ce dossier autour de la stérilisation a pour double objectif de proposer des solutions pratiques et de donner à réfléchir chez le chat, chez le chien, comme chez les NAC. Opérer ou proposer autre chose ? Comment prendre en charge un animal stérilisé ? Il ne s'agit en aucun cas de stigmatiser la stérilisation chirurgicale (les raffinements des techniques chirurgicales font même l'objet d'un article), mais plutôt d'accompagner la prise de décision du propriétaire avec des données actualisées. Ce dossier (re)donne au vétérinaire tout son rôle d'accompagnement et de conseil en matière de santé de l'animal de compagnie, y compris lorsqu'il est en pleine santé. ●
Référence de l'article : Méd Chir Anim – Anim Cie 2022;1:22.