Les risques du tabagisme passif chez l'enfant sont connus depuis une quarantaine d'années. En 1976, Saïd démontrait de façon indirecte mais probante les relations entre le tabagisme des parents et la fréquence de l'ablation des végétations et des amygdales de leurs enfants prise comme marqueur de leurs infections respiratoires. Dans son étude, la fréquence de ces actes chirurgicaux était étroitement corrélée avec le nombre de cigarettes fumées à la maison par la mère et/ou le père. En 1978-1981, l'inhalation passive de fumée de tabac (IPFT) était alors reconnue comme une entité pathologique par les pneumologues, en particulier les pneumologues-pédiatres. Bien que le diagnostic puisse être assez facilement porté par l'interrogatoire et l'examen clinique, le dosage de certains marqueurs biologiques de l'IPFT (cotinine urinaire, cotinine sérique, nicotine des cheveux) a permis de le confirmer plus facilement, et surtout d'effectuer des études cliniques et épidémiologiques. Pourtant, pour l'instant, les mesures de prévention ont été prises surtout chez les adultes, dans les collectivités et au travail, ce qui contraste avec une certaine indifférence concernant les risques majeurs du tabagisme passif pendant la grossesse et la petite enfance. Une étude récente de Kelishadi et al. portant sur 13486 enfants et adolescents, âgés en moyenne de 12,47 ± 3,36 ans, a montré que les principaux facteurs de risque du tabagisme passif étaient un niveau socio-économique bas et un niveau d'éducation parental déficient, résultats qui suggèrent l'importance d'une éducation sanitaire et d'une législation adaptée. En Allemagne, Kuntz et Lambert viennent de montrer que la fréquence avec laquelle les enfants de zéro à six ans sont exposés à leur domicile a considérablement diminué, passant de 23,9 % à 6,6 % entre les années 2003-2006 et 2009-2012. Les auteurs mettent en relation ce résultat avec, selon leur expression, la « dénormalisation du tabagisme » et la législation antitabac. Naguère, une revue de A. et J.P. Labbé a fait le point sur l'actualité de cette véritable intoxication, qui, curieusement, ne semble guère concerner l'écologie militante.
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