Des enfants jouent au bord de la mer Méditerranée. Un grand garçon de 10 ans, un peu enrobé, surveille son grand seau qu’il montre à qui veut bien s’arrêter en bombant le torse, son épuisette à la main. “J’en ai pris 6 !”, dit-il fièrement en parlant des méduses qu’il a capturées. Des tout-petits protégés par leurs parents s’approchent avec crainte et admirent. Il règne une atmosphère de victoire et de domination mais aussi de peur des tentacules venimeuses que chacun vient remuer avec un bâton sous l’œil du pêcheur. Plus tard dans la matinée, ce même enfant sort de l’eau en criant et en se tenant une épaule qu’il frotte vigoureusement. Il a été piqué, “sûrement par une sœur ou quelqu’un de la famille des méduses captives !”, ça ne fait aucun doute pour les enfants autour, il s’agit d’une vengeance. Les adultes sourient.
Les neurosciences ont peu étudié les méduses. La star est la seiche, aux capacités cognitives prodigieuses. Dans la dernière livraison de iScience, des chercheurs français ont découvert avec une technique très sophistiquée que les seiches peuvent créer de faux souvenirs lorsqu’elles sont exposées successivement à 2 événements ayant de nombreux points communs [1]. Avec leurs 8 bras, leurs 2 tentacules, leur vision à 320 degrés, leur excellente maîtrise de soi (au test du Marshmallow), leur bonne mémoire épisodique, elles ont été étudiées comme jamais aucun enfant que nous suivons n’a pu bénéficier d’un tel approfondissement…
Énigme de la recherche pour un praticien de base qui aimerait qu’on analyse mieux les déterminants des TND (troubles neurodéveloppementaux). ●