La pratique avancée n'est pas qu'un acte réglementaire qui définit ce qu'un professionnel de santé peut faire ou ne pas faire. La pratique avancée, c'est d'abord et avant tout une façon de penser l'ensemble de notre système de santé. Aujourd'hui plus que jamais, les soignants sont appelés à jouer collectif et à franchir le pas de l'exercice coordonné pour relever le défi de l'accès aux soins. Cette nouvelle façon de soigner rebat les cartes et répartit différemment les rôles, les compétences et les missions de chacun.
La pratique avancée traduit donc de manière concrète l'indispensable extension des compétences des praticiens que vous êtes. Qu'il s'agisse de diagnostiquer, de mener des conclusions cliniques ou de prescrire, vous êtes aujourd'hui en mesure d'effectuer toute une série d'actes au bénéfice des organisations, mais aussi et surtout des patients. En cela, je souhaite que notre système de santé en finisse avec les interminables guerres de chapelle qui l'ont depuis trop longtemps empêché de faire sa mue et de répondre efficacement aux besoins de santé de nos concitoyens. Faire tomber les murs, ça n'est pas un slogan, c'est une nécessité pratique, et le temps presse. Et la réalité, c'est que je crois au dialogue de terrain pour avancer, dans le respect du rôle de chacun et en collaboration.
Nous devons aller plus vite, plus loin et plus fort. C'est pourquoi nous allons accélérer les ouvertures de places de formation au sein des universités afin d'atteindre, dès 2022, 3 000 diplômés et étudiants, puis cibler 5 000 infirmiers de pratique avancée d'ici 2024. Nous devons aussi faciliter l'installation en pratique avancée en levant le maximum de barrières. Au-delà des travaux qui nous mobilisent encore pleinement, et je pense ici aux infirmiers spécialisés, nous avons d'ores et déjà fait ensemble des pas importants et devrons poursuivre dans les prochains mois. Je sais pouvoir compter sur vous pour continuer à défendre la pratique avancée, dans un esprit à la fois constructif et responsable.
Olivier Véran
Ministre des Solidarités et de la Santé
À l'Élysée, une rencontre importante entre des représentants des IPA et la conseillère santé du président de la République
Des représentants des IPA ont été reçus le 3 décembre dernier à l'Elysée par Madame Armenteras, conseillère santé du président Emmanuel Macron, afin de dresser un état des lieux de l'implantation des IPA sur le territoire.
Voici les constats :
- une grande satisfaction des professionnels de santé et des patients partout où les IPA sont en exercice : complémentarité des rôles, amélioration de la qualité des soins ;
- une implantation difficile car le modèle économique n'est adapté ni aux IPA qui s'installent en libéral ni aux établissements de santé (publics, privés, centres de santé) qui souhaitent créer des postes ;
- aucune représentation des IPA dans le cadre des négociations conventionnelles qui les concernent ;
- une revalorisation minime des salaires des IPA dans la fonction publique hospitalière et une perte de primes (protocole de coopération par exemple, car exercice autonome) ;
- un cadre législatif/réglementaire trop contraint qui ne correspond pas aux besoins sur le terrain.
Les demandes des IPA sont les suivantes :
- une révision du modèle économique et une représentation des IPA dans le cadre des négociations conventionnelles ;
- une parution rapide des primes spécifiques IPA dans la fonction publique promises par Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, en avril 2021 ;
- un accès direct à la population, en accord avec la mesure 6 du Ségur de la santé ;
- la suppression du protocole d'organisation qui complexifie la collaboration, notamment en soins primaires, et qui empêche les IPA d'avoir leur propre patientèle ;
- la refonte des mentions : modèle populationnel en rapport avec un exercice infirmier qui vise un accompagnement global des personnes plutôt qu'un modèle médical spécialisé correspondant à une approche pathologie par pathologie ou organe par organe ;
- l'écriture et la signature rapides du décret sur l'expérimentation de la primoprescription.
Madame Armenteras s'est engagée à s'appuyer sur le rapport IGAS, qui sera prochainement publié, afin d'activer les leviers nécessaires.
Les représentants des IPA seront reçus prochainement par Madame Roquette, conseillère chargée de l'offre de soins d'Olivier Véran.