Le 8 mars dernier me parvenait une vidéo du slameur Grand Corps Malade1 dont sont extraits ces quelques vers :
“[…] Comment ne pas être en admiration et sans commune mesure
Pour celles qui portent et fabriquent pendant neuf mois notre futur,
Pour celles qui cumulent plusieurs emplois et ce sans sourciller
Celui qu’elles ont dans la journée et le plus grand, mère au foyer […]”
Comme en écho à ces paroles, la Société française de cardiologie [1] nous parle quant à elle de la précarité de temps qui touche de nombreuses femmes, lesquelles travaillent beaucoup, sont prises par le temps et sont stressées, négligeant ainsi leur santé. Les femmes, les mères, qui bien souvent sont le moteur de l’éducation à la santé de leurs proches, s’impliquent dans le suivi médical de ceux-ci, mais ne s’appliquent pas ou pas assez à elles-mêmes ce qu’elles préconisent et font pour les autres.
Deux enjeux majeurs émergent donc : en premier lieu, les femmes doivent prendre le temps de se soigner, mais il faut aussi une approche de leur santé avec une meilleure prise en compte des spécificités féminines.
On ne soigne pas toujours les femmes comme on soigne les hommes [2].
C’est tout d’abord un constat, car à symptomatologie équivalente, les femmes ne reçoivent pas les soins préconisés et optimums, comme cela est plus souvent proposé aux hommes et/ou saisi par ces derniers (exemple du diagnostic de l’infarctus du myocarde chez la femme ou du faible accès à la rééducation cardiaque en postinfarctus) [3]. Ce biais de genre en médecine a été théorisé par Bernadine Healy, cardiologue américaine et première femme directrice du National Institutes of Health (NIH), en 1991, et désigné comme le syndrome de Yentl.
Paradoxalement, c’est aussi une nécessité, car la physiologie et la physiopathologie féminine diffèrent fréquemment de celles de l’homme. Mais encore faut-il que cela ait été caractérisé par la preuve.
Donc plutôt que l’égalité, l’équité semble nécessaire pour une prise en soins optimisée et optimale des femmes aux différents âges de la vie. Pour cela, la recherche, clinique notamment, se doit de cibler et de mettre en lumière ces différences physiopathologiques, psychologiques, voire sociales. Qui sera le moteur de cette recherche ?
Les IPA ont des grands-mères, des mères, des sœurs, des compagnes, des filles, ils et elles prennent en charge des patient(e)s : prenez soin d’elles, prenez soin d’eux, mais avant tout prenez soin de vous.
Ce numéro de la Revue de la Pratique avancée propose quelques pistes et présente des initiatives mises en place pour une meilleure santé des femmes. Et nous continuerons dans le futur de nous intéresser aux articles qui permettront des avancées pour leur santé.
1Grand Corps Malade, Mesdames.