Essai MINDACT avec plus de 8 ans de recul : la désescalade en chimiothérapie adjuvante oui, mais peut-être pas avant 50 ans
L’essai MINDACT avait pour but de tester l’utilisation de la signature génomique MammaPrint® de 70 gènes pour sélectionner les cas de cancer du sein en situation adjuvante pour lesquels l’adjonction d’une chimiothérapie adjuvante n’apportait pas de bénéfice par rapport à une hormonothérapie seule.
Près de 6 700 patientes ont participé à cet essai prospectif dont la première analyse a été publiée en 2016 dans le NEJM (1). Pour les patientes dont les tumeurs présentaient une dissociation pronostique entre des caractéristiques clinicobiologiques standard et la signature génomique, une randomisation était effectuée entre suivre l’indication de la clinique ou suivre les indications de la signature génomique pour décider ou non d’une chimiothérapie adjuvante. L’essai était positif en faveur de l’utilisation de la signature permettant une désescalade thérapeutique. En effet, des patientes ayant des caractéristiques clinicobiologiques à risque élevé de récidive (C-haut) donc relevant en principe d’une chimiothérapie, mais dont la signature génomique indiquait un risque faible (G-bas), avaient une survie sans métastase à distance (SSM) à 5 ans de 95 % sans chimiothérapie. Avec 8,7 ans de recul médian, ce résultat sur la SSM à 5 ans, qui était l’objectif principal, était confirmé.
Cependant, avec plus de recul, la SSM à 8 ans des patientes sans chimiothérapie était de 89,4 % (IC95% 86,8 -91,5%) et celles des patientes ayant reçu de la chimiothérapie de 92 % (IC95 : 89,6-93,8). Ce gain de 2,6 % à 8 ans peut être considéré comme faible et serait à mettre en perspective avec les effets secondaires de la chimiothérapie. En analysant ces résultats en fonction de l’âge (avant ou après 50 ans), il apparait clairement qu’il n’y a aucun avantage à l'ajout de la chimiothérapie adjuvante pour les patientes de plus de 50 ans. En revanche, la différence en SSM à 8 ans est de près de 5 % pour les moins de 50 ans : 88,6 % (IC95 : 83,5-92,3) sans chimiothérapie contre 93,6 % (IC95 : 89,3-96,3) avec chimiothérapie.
Cet effet de la chimiothérapie chez les femmes non ménopausées pourrait s’expliquer par l’effet de suppression ovarienne induit par la chimiothérapie adjuvante ,mais il s’agit d’une hypothèse.
Ces résultats rejoignent ceux de l’essai TAILORx qui évaluait la signature génomique Oncotype Dx®(2). Il existait également un possible bénéfice de la chimiothérapie adjuvante chez les moins de 50 ans pour des risques intermédiaires.
En conclusion, l’essai MINDACT confirme la valeur de la signature MammaPrint® pour décider une abstention de chimiothérapie si la signature est favorable pour les femmes de plus de 50 ans.
Références
- Cardoso F et al. 70-Gene Signature as an Aid to Treatment Decisions in Early-Stage Breast Cancer. N Engl J Med 2016;375(8):717-29.
- Sparano JA et al. Adjuvant Chemotherapy Guided by a 21-Gene Expression Assay in Breast Cancer. N Engl J Med 2018;379(2):111-21.