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FOLFOXIRI-bévacizumab versus FOLFIRI/FOLFOX-bévacizumab : une méta-analyse

D’après Cremolini C et al., abstr. 4015 et Borelli B et al., abstr 4016, actualisés

La quadrithérapie FOLFOXIRI-bévacizumab a démontré sa supériorité en 1re ligne de traitement du cancer colorectal métastatique (CCRm) en termes de taux de réponse objective (RO), de survie sans progression (SSP) et de survie globale (SG) par rapport à une chimiothérapie par FOLFIRI-bévacizumab chez des patients sélectionnés, non prétraités par oxaliplatine [1]. C. Cremolini a rapporté les résultats d’une méta-analyse sur données individuelles de patients à partir de 5 essais randomisés ayant comparé cette quadrithérapie soit au FOLFIRI-bévacizumab (essais TRIBE [1] et TRIBE 2 [2]), soit au FOLFOX-bévacizumab (essais OLIVIA [3], CHARTA [4] et STEAM [5]) (abstr. 4015). Le critère de jugement principal était la SG. 

Cette méta-analyse a concerné 1 697 patients au total, 846 traités par FOLFOXIRI-bévacizumab et 851 par FOLFOX (70 %) ou FOLFIRI (30 %) plus bévacizumab. Les caractéristiques des patients étaient comparables dans les 2 groupes de traitement : 78 % de patients OMS 0, > 90 % naïfs de chimiothérapie adjuvante, 30 % de maladie métastatique limitée au foie, 65 % de RAS mutés, 9 % de BRAF mutés et 26 % seulement de RAS/BRAF sauvages. L’analyse de la SG confirmait la supériorité de la trichimiothérapie + bévacizumab sur les doublets FOLFOX ou FOLFIRI plus bévacizumab, avec des taux de SG à 5 ans de 22,3 versus 10,7 % (HR = 0,81 ; IC95 : 0,72-0,91 ; p < 0,001), sans hétérogénéité significative entre les essais (p = 0,39) (figure 1). Ce bénéfice était trouvé dans tous les sous-groupes de patients sauf chez les 115 patients BRAF mutés. La SSP était également améliorée (12,2 versus 9,9 mois ; HR = 0,74 ; p < 0,001) de même que le taux de RO (64,5 versus 53,6 % ; p < 0,001) et le taux de résection R0 (16,4 versus 11,8 % ; p = 0,007). Cette amélioration était cependant associée à un taux de toxicité de grade 3-4 plus élevé : neutropénie (p < 0,001), neutropénie fébrile (p = 0,019), mucite (p = 0,024), nausées (p = 0,016) et diarrhée (p < 0,001) par rapport à la bichimiothérapie.

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Ces résultats confortent l’intérêt de la quadrithérapie FOLFOXIRI-bévacizumab en 1re ligne de traitement chez des patients sélectionnés, naïfs de chimiothérapie par oxaliplatine, en particulier chez les patients RAS mutés. Le taux élevé de toxicités de grade 3-4 suggère de privilégier la stratégie TRIBE 2 avec arrêt de l’oxaliplatine à 8 cycles et relais par un traitement d’entretien avant progression, de même que la prescription de facteurs de croissance en prophylaxie primaire. L’absence de bénéfice sur la SG dans le sous-groupe de patients BRAF mutés interroge sur l’utilisation du FOLFOXIRI-bévacizumab en routine et les résultats attendus de l’étude ANCHOR évaluant la triple inhibition RAF, EGFR et MEK dès la 1re ligne viendront éclairer le choix optimal de la 1re ligne thérapeutique dans ce sous-groupe moléculaire minoritaire mais particulièrement grave.

Une autre étude a évalué le caractère pronostique et prédictif de réponse de la classification par sous-types moléculaires (CMS [6] et CRCA [7]) des CCRm chez 426 patients analysables issus de l’étude TRIBE 2 [2] (204 du bras FOLFOXIRI-bévacizumab et 222 du bras FOLFOX-bévacizumab) (abstr. 4016). En analyse multivariée, la classification CMS avait une valeur pronostique de la SSP (p = 0,01) et de la SG (p = 0,08) particulièrement pour les sous-types CMS2 et CMS4, avec un mauvais pronostic du sous-type CMS1, ceci de façon indépendante de la localisation droite ou gauche de la tumeur primitive ou du statut mutationnel RAS/BRAF. En revanche, la CMS n’avait pas de valeur prédictive de réponse à la quadrithérapie en termes de SSP ou de SG. La classification CRCA n’avait pas de valeur pronostique, mais une valeur prédictive de réponse à la quadrithérapie était observée notamment pour le sous-type “stem-cell” et le sous-type mixte, sur la SG (p = 0,008) comme sur la SSP (p = 0,017). Cette étude suggère l’intérêt d’intégrer l’analyse des sous-types moléculaires à nos futurs essais de stratégie. 

Diapositive2


Références

1. Loupakis F et al. N Engl J Med 2014 ; Cremolini C et al. Lancet Oncol 2015.

2. Cremolini C et al. BMC Cancer 2017.

3. Gruenberger T et al. Annals of  Oncol 2015. 

4. Stein A et al. BMC Cancer 2012.

5. Hurwtiz et al. Oncologist 2019.

6. Guinney J et al. Nat Med 2015.

7. Sadanandam A et al. Nat Med 2013.



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