Les réarrangements de NRG1, un événement moléculaire rare mais ciblable, à rechercher dans plusieurs types de tumeurs solides
Le gène NRG1 code pour la protéine de liaison intercellulaire neuréguline, sans activité kinase et qui sert de ligand pour les récepteurs ERBB3 et ERBB4 et permet l’activation des voies de signalisation MAPK et PI3K. De nombreux réarrangements de NRG1 ont été décrits dans plusieurs types de tumeurs. Les réarrangements de NRG1 sont ciblables par les anticorps ou les ITK spécifiques de NER2, HER3 et HER4.
S. Jonna et al. ont rapporté les résultats de la recherche rétrospective d’un réarrangement de NRG1 parmi 44 570 prélèvements cliniques analysés par une technique de séquençage de l’ARN (Archer Dx ou Caris MI transcriptome). Chaque réarrangement a été confirmé ainsi et le type de fusion, l’intégrité des domaines fonctionnels, le lieu de la cassure et la présence de comutations ont été précisés.
Finalement, 82 réarrangements de NRG1 ont été identifiés (0,2 %). La distribution des différents types de tumeurs solides est la suivante : CBNPC (54 %), cancer du sein (11 %), cancer de l’ovaire (7 %), cancer pancréatique (7 %), cholangiocarcinome (6 %), cancer colorectal (5 %), et autres (10 %). Parmi ces 82 réarrangements, 42 différents partenaires ont été identifiés dont les plus fréquents : CD74 (23 %), ATP1B1 (9 %), SLC3A2 (7 %), RBPMS (6 %) et SDC4 (4 %). 47 % des réarrangements incluent le domaine transmembranaire, en particulier les réarrangements observés au cours des CBNPC (63,6 %) et des tumeurs pancréatobiliaires (54,5 %). Dans 15 % des cas, le transcrit chimérique est prédit pour conduire à une expression de NRG1. Dans la majorité des cas, le point de cassure implique les exons 2 et 6. Alors que les fusions impliquant l’exon 2 préservent le domaine Ig et la portion de NRG1 codant pour le motif EGF-like, celles impliquant l’exon 6 codent pour une protéine chimérique raccourcie ne contenant pas le domaine Ig. Le réarrangement CD74:NRG1, le plus fréquemment observé dans les CBNPC, implique les exons 5 ou 6 entraînant une troncature de certains domaines en dehors du domaine EGF-like.
Conclusion
Les réarrangements de NRG1 sont très nombreux et concernent une très grande variété de types tumoraux, en particulier le CBNPC, mais aussi les cancers du sein et de l’ovaire et les cancers pancréatobiliaires et coliques. Leur recherche implique des techniques “agnostiques“ par séquençage ARN. L’implication thérapeutique des différents types de réarrangements reste à évaluer au sein de chaque groupe tumoral et de chaque type de réarrangement.