L’excellence de la recherche française au service des tumeurs rares
Les tumeurs trophoblastiques sont rares (1/10 000 grossesses) ; elles touchent en général des femmes jeunes et sont curables dans 99 % des cas. Il s’agit fréquemment de tumeurs à bas risque pour lesquelles un traitement par méthotrexate permet d’obtenir une guérison. Pour certaines patientes, cependant, ce traitement est mis en échec et conduit à proposer une polychimiothérapie. Ce traitement, très efficace, est cependant associé à une toxicité aiguë et à long terme non négligeable. En France, les cas de tumeurs trophoblastiques doivent faire l’objet d’une déclaration au centre de référence situé à Lyon, dans le but d’enregistrer les cas, et de proposer une conduite à tenir thérapeutique standardisée. Le centre a également pour but de mener des projets de recherche pour ces tumeurs rares. L’essai TROPHIMMUN a été coordonné par le Pr Benoît You, membre du centre de référence des tumeurs trophoblastiques. Cette étude a pour but d’évaluer la place de l’avélumab (10 mg/kg toutes les 2 semaines) dans la prise en charge des patientes en rechute après traitement de chimiothérapie conventionnelle. Il existe un fort rationnel biologique car PD-L1 est constitutivement exprimé sur les cellules tumorales trophoblastiques. Par ailleurs, des cas de réponse aux immunothérapies ont été rapportés. Dans l’essai TROPHIMMUN, 2 cohortes ont été constituées :
- cohorte A, patientes ayant progressé après monochimiothérapie (méthotrexate, actinomycine D) ;
- et cohorte B, patientes ayant progressé après polychimiothérapie.
Sont rapportés ici les résultats de la cohorte A, ayant inclus 15 patientes. Le traitement par avélumab était poursuivi jusqu’à normalisation des HCG (Gonadotrophine chorionique humaine, marqueur tumoral systématiquement élevé dans cette pathologie) et pour 3 cycles de consolidation après normalisation. Presque la moitié des patientes présentaient des métastases pulmonaires au diagnostic. Au total, 8/15 patientes ont eu une normalisation des HCG (dont 5/8 qui auraient dû recevoir une polychimiothérapie). Aucune n’a rechuté après un suivi médian de 29 mois. Toutes les patientes n’ayant pas normalisé leurs HCG avec l’avélumab ont été guéries par un traitement de rattrapage. Une grossesse a été menée à terme chez une des patientes guéries après avélumab. Il s’agit du premier enfant né après un traitement par immunothérapie. Les toxicités de l’avélumab ont été minimes (dysthyroïdies principalement) avec aucun grade 3/4 ou événement indésirable grave lié au traitement.
Le traitement par avélumab est efficace chez la majorité des patientes en rechute après méthotrexate, avec une tolérance excellente. Cependant, au vu de la rareté de la pathologie et de la difficulté d’obtention d’une AMM dans ces conditions, se pose la question de l’accès au traitement. Idéalement, une ATU de cohorte devrait être proposée par le laboratoire en accord avec les autorités dans cette situation. Par ailleurs, un essai associant méthotrexate et avélumab (TROPHAMET) vient d’être lancé. Les résultats de TROPHIMMUN ne peuvent que nous motiver fortement à y inclure des patientes. Un grand bravo à l’équipe du centre des tumeurs trophoblastiques qui a conçu et mené cet essai qui fait briller la médecine française au niveau international.