Nouveaux traitements de la DMLA : brolucizumab en vue et rien d’autre ?
Le Pr Éric Souied (Créteil) a présenté une communication sur les traitements à venir dans le domaine de la DMLA en insistant sur le brolucizumab, la molécule en développement la plus proche de la commercialisation. Il a tout d’abord rappelé que le brolucizumab (RTH258) est une petite molécule de 26 kDa (figure 1).
Elle présente une très forte pénétration dans la rétine avec une concentration intrarétinienne très élevée car il s’agit d’un fragment simple chaîne. Le passage systémique est faible et la clairance systémique, rapide. L’étude de phase II a montré une non-infériorité du brolucizumab versus aflibercept pour le gain visuel à la semaine 48 (1). Les études de phase III HAWK et HARRIER ont comparé l’efficacité du brolucizumab et de l’aflibercept avec un protocole original, personnalisé basé sur la réponse thérapeutique (figure 2).
Chaque patient avait une phase d’induction et un contrôle à la semaine 16. Lors de ce contrôle et en fonction de l’activité de la maladie, était décidé un rythme de Q12 ou de Q8 (comme l’aflibercept). Les résultats montrent une supériorité du brolucizumab versus aflibercept sur l’activité de la maladie à la semaine 16 (en moyenne 30 %) et une supériorité anatomique sur la réduction de l’épaisseur rétinienne centrale aux semaines 16 et 48. La tolérance générale était comparable dans les 2 groupes, en cohérence avec les données publiées des autres anti-VEGF.
En synthèse, les études de phase III HAWK et HARRIER ont démontré l’efficacité prolongée du brolucizumab dans un schéma de traitement tous les 3 mois immédiatement après la phase d’induction. Chez les patients traités par brolucizumab, les études ont montré une non-infériorité versus aflibercept pour le gain visuel à la semaine 48, une longue durée d’action (plus de la moitié des patients maintiennent un traitement tous les 3 mois jusqu’à 48 semaines), une supériorité versus aflibercept sur l’activité de la maladie et l’ensemble des paramètres anatomiques étudiés, la tolérance générale est comparable à celle de l’aflibercept et en cohérence avec les données publiées des autres anti-VEGF.
Pour les autres molécules, le DARPin, ou abicipar pégol, a été cité car en développement, a priori avec des résultats positifs sur la phase III (études CEDAR et SEQUOIA) d’après des communiqués de presse. Un bémol est à signaler avec une réaction inflammatoire notée dans 15,7 % des cas.
Les voies de développement portent également sur des dispositifs à libération prolongée, comme le réservoir PDS. Il est implanté chirurgicalement et permet de recevoir du ranibizumab pour une libération prolongée de minimum 6 mois.
Finalement, un article “original” a été cité pour la prévention de la DMLA par la prise de sildénafil avec un rôle potentiel sur la choroïde et des résultats intéressants à 2 ans…
Références
1. Holz FG, Dugel PU, Weissgerber
G et al. Single-chain antibody
fragment VEGF inhibitor RTH258 for neovascular age-related macular
degeneration. A randomized controlled study. Ophthalmology 2016;123(5):1080-9.