Tout sur les anastomoses rétino-choroïdiennes
Le Dr Vittorio Capuano (Créteil) a présenté de manière très complète l’évolution des connaissances sur l’entité “anastomose rétino-choroïdienne”. La première description par M.E. Hartnett remonte à 1992, qui décrit une lésion rétinienne angiomateuse associée à des drusen séreux entraînant des décollements de l’épithélium pigmentaire (DEP). Cette lésion était cataloguée comme “complexe vasculaire anormal profond rétinien” sur la base des caractéristiques cliniques et angiographiques (1). La première description en angiographie au vert d’indocyanine (ICG) est française : D. Kuhn montre les anastomoses associées à des drusen séreux, entraînant des DEP (2). L. Yannuzzi a réexaminé les caractéristiques de cette forme particulière de DMLA pour proposer le terme de “prolifération rétinienne angiomateuse” (RAP), basé sur l’angiographie à la fluorescéine, en ICG et en s’aidant de l’OCT de première génération. Cette lésion trouverait son origine dans les couches rétiniennes profondes et s’étendrait en arrière pour s’anastomoser avec une néovascularisation sous-rétinienne (type 2) et une néovascularisation sous l’EP (type 1) [3]. A contrario, D. Gass avait initialement proposé comme concept que toute néovascularisation dans la DMLA provenait de la choroïde. Ainsi, pour J.D. Gass, sur la base d’observations cliniques et angiographiques, une néovascularisation de type 1 (occulte) s’étendrait vers l’avant pour former une néovascularisation de type 2 “piggyback”, entraînant enfin une anastomose chorio-rétinienne [4]. Finalement, pour K.B. Freund, la néovascularisation d’origine choroïdienne accéderait à la rétine (en traversant la MB), entraînant ensuite une prolifération intrarétinienne (stades précoces). Cette prolifération intrarétinienne surviendrait en association avec des télangiectasies et constituerait en définitive une anastomose chorio-rétinienne (stades avancés) [5]. G. Querques a proposé une description en OCT selon 3 stades (6) :
- stade 1, une néovascularisation qui débute de la choroïde et dégrade le complexe membrane de Bruch/épithélium pigmentaire (MB/EP), ou “erosion sign” ;
- stade 2, une néovascularisation d’origine choroïdienne qui, ayant rompu la MB/EP, s’infiltre dans la rétine externe, ou “flap sign” ;
- stade 3, une néovascularisation d’origine choroïdienne qui, ayant rompu la MB/EP, s’infiltre dans la rétine interne, ou “kissing sign”.
Les dernières descriptions de A. Miere, R. Sacconi ou E. Borrelli montrent cette entité visualisée par l’OCT-angiographie.
En conclusion, les anastomoses rétino-choroïdiennes sont une entité complexe et méconnue. Elles répondent bien au traitement par anti-VEGF. Le taux de bilatéralisation est élevé nécessitant un examen OCT des 2 yeux à chaque contrôle.
Références
1. Hartnett ME, Weiter JJ, Garsd A et al. Classification of retinal pigment epithelial detachments associated with drusen. Graefes Arch Clin Exp Ophthalmol 1992;230(1):11-9.
2. Kuhn D, Meunier I, Soubrane G et al. Imaging of chorioretinal anastomoses in vascularized retinal pigment epithelium detachments. Arch Ophthalmol 1995;113(11):1392-8
3. Yannuzzi LA, Negrão S, Iida T et al. Retinal angiomatous proliferation in age-related macular degeneration. 2001. Retina 2012;32(Suppl. 1):416-34.
4. Gass JD, Agarwal A, Lavina AM et al. Focal inner retinal hemorrhages in patients with drusen: an early sign of occult choroidal neovascularization and chorioretinal anastomosis. Retina 2003;23(6):741-51.
5. Freund KB, Ho LV, Barbazetto IA et al. Type 3 neovascularization: the expanded spectrum of retinal angiomatous proliferation. Retina 2008;28(2):201-11.
6. Querques G, Atmani K, Berboucha E et al. Angiographic analysis of retinal-choroidal anastomosis by confocal scanning laser ophthalmoscopy technology and corresponding (eye-tracked) spectral-domain optical coherence tomography. Retina 2010;30(2):222-34.