Le baricitinib, un nouvel anti-JAK, un futur traitement puissant de la dermatite atopique ?
Le baricitinib est un inhibiteur sélectif des JAK 1 et 2, ayant déjà l’AMM en France pour la polyarthrite rhumatoïde. Cette sélectivité explique peut-être sa tolérance bien meilleure a priori, que celle des premières molécules de cette classe, comme le tofacitinib. Le baricitinib semble agir notamment en bloquant la synthèse de l’IL-6.
L’étude de phase III BREEZE AD-7 a évalué le baricitinib dans les dermatites atopiques modérées à sévères (en association avec des dermocorticoïdes), pour lesquelles 2 molécules seulement ont l’AMM en France : la ciclosporine et le dupilumab. 329 malades ont été inclus, avec un score EASI > 16, en échec thérapeutique après au moins un traitement topique fort. Deux doses étaient testées, 2 et 4 mg/j.
L’âge moyen était de 33,7 ans. La moitié des patients inclus était asiatiques, ce qui renforce l’intérêt de l’étude quand on connaît les différences de réponse aux traitements entre les populations asiatiques et caucasiennes. Le SCORAD était en moyenne de 66,8, correspondant à des dermatites atopiques sévères à très sévères.
L’objectif primaire a été atteint à S16 :
- 30 % des malades on atteint un IGA0/1 pour la plus forte dose (14 % pour le placebo)
- l’EASI 75 a été atteint chez 47 % des malades pour la plus forte dose (4 mg/j)
- L’amélioration du prurit a été spectaculaire avec plus de 4 points gagnés dans l’échelle classique NRS
- Le sommeil a été amélioré chez plus de 50 % des patients, sans réveil nocturne (intéressant, pas toujours testé dans les études)
- La DLQI s’est améliorée de 6 points
- Les patients ont pu se passer de dermocorticoïdes pendant 32,9 jours en moyenne au cours de l’étude, alors que tous étaient sous dermocorticoïdes à l’inclusion.
Pour ce qui est de la tolérance il y a eu peu de signaux d’alerte : pas de décès, 7 cas d’herpès dans le bras 4 mg (connu avec les anti-JAK), 1 embolie pulmonaire ayant motivé l’arrêt et aucune cytopénie.
À la dose de 4 mg par jour, le baricitinib a totalement atteint ses objectifs principaux (IGA et EASI, échelle de prurit).
Selon l’auteur, il s’agirait du médicament le plus puissant dans la dermatite atopique en termes de rapidité de sédation du prurit.
La tolérance est bonne, si l’on tient compte du fait que cette classe bloque de nombreuses cytokines lorsque la sélectivité est faible. Un autre anti-JAK est également développé dans la dermatite atopique avec également d’excellents résultats, l’upadacitinib.
Nous espérons donc avoir bientôt à disposition de nombreuses autres molécules pour traiter la dermatite atopique sévère, l’histoire se suit et se répète, comme avec immunomodulateurs dans le psoriasis.