Quelle place et quelle dose pour l’isotrétinoïne dans la rosacée ?
Le rationnel de l’utilisation de l’isotrétinoïne dans la rosacée repose principalement sur 2 phénomènes. D’une part, la physiopathologie de la rosacée fait intervenir des anomalies quantitatives des lipides des glandes sébacées, aboutissant à une dysfonction de la barrière cutanée. D’autre part, l’acide tout-trans rétinoïque (ATRA) exerce un effet anti-inflammatoire sur les monocytes par 2 voies différentes, l’une indépendante de l’expression du TLR (toll-like receptor) et l’autre affectant TLR2 et CD14. L’isotrétinoïne possède donc des propriétés anti-inflammatoires en plus de sa capacité à diminuer la taille des glandes sébacées et la production de sébum. L’isotrétinoïne en microdoses continues (0,04 à 0,11 mg/kg/j, soit entre 5 et 10 mg/J fonction du poids du patient) pourrait représenter une alternative aux antibiotiques par voie systémique chez les patients présentant une rosacée réfractaire (Hofer T. Clin Exp Dermatol 2004 ; 29(2) : 204-5).
La tolérance est en général bonne en dehors d’une sécheresse des lèvres ; une numération formule sanguine doit être effectuée tous les 6 mois.
Le traitement par isotrétinoïne systémique est contrindiqué chez les femmes en âge de procréer, et chez les patients traités, il faut contrôler le bilan lipidique et hépatique régulièrement, tous les 3 mois en moyenne et fonction de la tolérance biologique. Sous condition de respecter ces précautions, l’isotrétinoïne à la dose de 10-20 mg/jour peut être un traitement de 1re ligne de la rosacée associée à l’ivermectine topique.
Une fois les symptômes contrôlés, le traitement peut être poursuivi à une dose de 5 mg/j ou 5 mg tous les 2 jours, voire 5 mg 2 fois par semaine.
L’isotrétinoïne à petite dose peut être une véritable alternative aux traitements classiques dans la rosacée. L’utilisation des cyclines au long cours et le risque de voir apparaître des résistances est réel, c’est dans ces situations que l’isotrétinoïne trouve tout son intérêt.