Rosacée papulopustuleuse et démodécie : parle-t-on de la même chose ?
La question posée était de savoir si la rosacée papulopustuleuse (RPP) et la démodécie sont 2 entités différentes, ou au contraire 2 aspects différents d’une même maladie. F. Forton a présenté un exposé très structuré et documenté, détaillant les aspects cliniques, histologiques, thérapeutiques et physiopathologiques. Elle nous a montré que la rosacée répond à une définition clinique (National Rosea Society 2018) alors que la démodécie répond à une définition étiologique (prolifération de Demodex). En effet, l’histologie est similaire avec une augmentation pathologique des ectoparasites, la densité en Demodex étant souvent plus élevée dans la RPP que dans la démodécie. Par ailleurs, le traitement par ivermectine 1 % ou par le benzoate de benzyl, a une efficacité identique dans les 2 cas. Il s’agirait donc de la même maladie, considérée de 2 points de vue différents : clinique ou étiologique. Dans une série de 132 patients ayant été étiquetés comme porteurs de l’une ou l’autre dermatose, 88 % présentaient des caractéristiques cliniques à la fois de RPP et de démodécie, et la densité en Demodex était plus élevée chez les patients avec érythème persistant que chez ceux sans érythème persistant. Certaines observations montrent que la démodécie peut évoluer vers une RPP au cours du temps. Les hypothèses physiopathologiques actuelles suggèrent l’existence d’un double cercle vicieux à partir de Demodex, qui serait une cause discriminante et nécessaire de l’apparition des lésions et dont la prolifération anormale serait provoquée par des facteurs extérieurs.
Alors, reste la question du rôle du Bacillus oleronius, antérieurement évoquée dans la physiopathologie de la rosacée. Cette bactérie éliminée de l’intestin du Demodex pourrait en effet induire ou entretenir une réaction inflammatoire cutanée locale.