La dysbiose ou dérégulation du baromètre immunitaire
Cette année, de nombreux résultats concernant le microbiome ont été présentés, avec en point d’orgue une session plénière consacrée à ce sujet. Le nombre de publications concernant le microbiote va croissant et la notion d’interaction hôte-microbiote intéresse de plus en plus les équipes de recherche. Les différents orateurs ont introduit le concept de dysbiose, ou perturbation du microbiote intestinal. Toutes les études s’accordent sur le fait que la diversité du microbiote est associée à un meilleur devenir : amélioration de la réponse à la chimiothérapie (Gopalakrishnan V et al. Science 2018), diminution de la rechute post-allogreffe (Peled JU et al. J Clin Oncol 2017), diminution de la sévérité de la GvH aiguë (Jenq RR et al. BBMT 2015). Malheureusement cette dysbiose est induite par la chimiothérapie, les immunosuppresseurs et l’antibiothérapie. Comme la plupart de ces études sont observationnelles et rétrospectives, il est parfois difficile de déterminer si la dysbiose est une cause ou une conséquence.
Après les premières descriptions et les corrélations établies, il est temps de déterminer les mécanismes de cette relation hôte-microbiote, afin de pouvoir l’influencer.
G. Hill a présenté des études menées chez la souris, dans un modèle de GvH aiguë digestive. Il a montré que la dysbiose était dépendante de l’IL-17, cytokine impliquée dans l’immunité muqueuse. En effet, les souris IL-17-/- ont des GvH aiguë digestives plus graves que les souris sauvages. Mais ce phénotype peut se transmettre lorsque les souris sauvages sont élevées avec des souris IL-17-/-, elles développent une GvH aiguë plus grave que les sujets contrôles (Varelias A et al. Blood 2017). L’équipe a ensuite montré que la principale source d’IL-17 dans le côlon étaient des lymphocytes T invariants associés aux muqueuses (MAIT), et qu’une diminution de ces MAIT dans le côlon était associée à une dysbiose. Ces MAIT ont été évalués dans le côlon de patients sains et en prégreffe, avec une diminution significative du nombre de MAIT chez les patients ayant reçu de la chimiothérapie (figure) [Varelias A et al. J Clin Invest, sous presse], ce qui expliquerait la dysbiose ainsi que la survenue de rechute et de GvH. Enfin, le nombre de MAIT dans le côlon est corrélé à la présence de Blautia spp., une bactérie marqueur de la diversité microbienne, associée à une protection contre la GvH (Jenq RR et al. BBMT 2015).
Reste désormais à définir la meilleure façon d’intervenir pour rétablir une symbiose.
Diaporama PS2-3
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