L’ECCVID en consolation de l’ECCMID. Pour combien de temps ?
Nous sommes à une période charnière de l’épidémie. On tente encore de colmater les brèches du tsunami du printemps tout en nous préparant à affronter une deuxième vague. On en ignore encore la hauteur mais elle sera probablement beaucoup plus longue et plus compliquée à gérer dans un système sanitaire plus fragile encore. Ailleurs, en Europe et dans le monde, l’épidémie sévit aussi sous des modalités différentes, mais rares sont les pays épargnés. C’est dans ce contexte exceptionnel qu’a eu lieu cette première ECCVID, sorte de corona-ECCMID ; conférence 100 % Covid comme l’a été notre activité du quotidien pour beaucoup d’entre nous.
C’est malgré tout avec plaisir que nous vous livrons ce post-ECCVID, car c’est toujours réjouissant de partager la connaissance. Ce congrès virtuel est aussi une façon d’envisager à large échelle les possibilités des solutions digitales de rassemblement, alternative distancielle dont tout le monde a pu, avec enthousiasme initial ou pas, apprécier les possibilités tout au long de cette épidémie. C’est aussi avec un sentiment mitigé que nous avons écrit ce “report”, frustrés de ne pas avoir pu échanger en présentiel et un peu limités aussi par la qualité des études originales présentées pendant ce congrès. La cinétique accélérée de publication, le recours plus fréquent au preprint, la masse d’articles accumulés en quelques mois (près de 60 000 !) et l’appétence de chacun à la mise à jour bibliographique sur le sujet ont rendu ce congrès un peu moins excitant que prévu. Cette ECCVID, beau lot digital de consolation, ne nous fera pas complètement oublier que la Covid nous a privé de “notre” ECCMID devenu en quelques années un rendez-vous annuel incontournable du milieu de l'infectiologie internationale.
Nous avons pris le parti de vous rapporter des résultats originaux ou des synthèses didactiques qui donnaient une vue globale de la conférence ; des modalités de préparation aux leçons acquises de la première vague, des nœuds actuels de la circulation virale aux alternatives de la PCR, des facteurs d’aggravation aux avancées de la recherche thérapeutique ou vaccinale, des risques de séquelles ou de formes prolongées aux premiers constats des effets collatéraux non Covid. Nous avons également interviewé des collègues français qui se sont illustrés pendant cette crise sanitaire et qui sont intervenus à des sessions orales.
Y aura-t-il une seconde ECCVID l’année prochaine ? Personne ne sait encore, mais il est fort à parier que nous sommes partis pour une course de fond avec bosses et sauts d’obstacles qu’il faudra savoir aborder avec mesure, rationalité et pragmatisme.
Je ne vous dis pas “à l’année prochaine” mais je le pense très fort.
Prenez soin de vous et des autres.
