Le dosage de kisspeptine trouverait-il un intérêt de routine ?
Nous connaissons bien le système des kisspeptines et son implication dans l’axe gonadotrope. Néanmoins, l'expression des kisspeptines n’est pas limitée à l’hypophyse.
Les cellules du syncytiotrophoblaste expriment la kisspeptine, alors que leur récepteur (Kiss-1R) est exprimé à la fois par ces mêmes cellules et par celles du cytotrophoblaste. Bilban et al.(J Cell Sci) avaient rapporté en 2004 que ce système était impliqué dans la régulation de la migration trophoblastique, empêchant un développement aberrant du trophoblaste.
L’équipe du Pr Dhillo a évalué les taux de kisspeptine chez 1 018 femmes enceintes, confirmant les précédentes observations, à savoir que ces taux évoluaient de manière linéaire au cours de la grossesse (r2 0,2348 ; p < 0,0001) et étaient plus faibles chez les patientes obèses et d’origine africaine (figure 1).
Compte tenu de cette évolution linéaire, la performance diagnostique pour prédire une fausse couche est d’autant plus élevée que la grossesse est à un stade avancé, dépassant celle de l’habituel dosage de bêta-hCG (aire sous la courbe 0,9 versus 0,75 à 11 semaines de grossesse). L’association des 2 dosages permet de porter le diagnostic évolutif de la grossesse à 83 %, avec des seuils de 14 000 UI/L pour la bêta-hCG et de 81 pmol/L pour la kisspeptine (figure 2). Un des autres avantages du dosage de la kisspeptine est qu’il chute très précocement en cas d’arrêt de grossesse, beaucoup plus vite que le taux de bêta-hCG. Cet outil pourrait donc être très intéressant, notamment dans le suivi des grossesses à risque ou obtenues grâce à l'aide médicale à la procréation.
Une autre piste envisagée par les auteurs est l’intérêt de ce dosage pour prédire l’évolution plus tardive de la grossesse, notamment quant à la survenue de complications maternelles graves comme la pré-éclampsie.