Les empreintes digitales de nos patients ayant été traités pour un cancer thyroïdien peuvent en dire long
Les effets cardiovasculaires de l'hyperthyroïdie sont connus depuis de nombreuses années, entraînant une augmentation significative du risque de fibrillation auriculaire (FA), du risque thrombotique et de la mortalité cardiovasculaire. Dans l'hyperthyroïdie subclinique, il est aussi retrouvé un effet délétère, mais a priori réversible, sur la fonction cardiaque diastolique ainsi qu'une augmentation du risque de FA par rapport à une population témoin. L'hyperthyroïdie subclinique thérapeutique des patients ayant été traités pour un cancer thyroïdien différencié (CTD) expose à ce risque, en particulier pour les patients les plus jeunes qui y sont exposés très longtemps. M.K. Hesselink (Thyroid 2017) retrouvait dans une cohorte de sujets jeunes (n = 66 ; âge médian : 33 ans) ayant eu un CTD pédiatrique, une atteinte de la fonction diastolique chez 20 % des sujets, signe précurseur d'une insuffisance cardiaque. La réévaluation cardiaque systématique rapportée 5 ans plus tard met en évidence une aggravation de celle-ci, toujours sans corrélation avec la TSH. Il est important de pouvoir dépister ces patients qui sont le plus à risque, et il semblerait que, sur le plan biologique, un taux élevé de NT-proBNP puisse être prédictif (M.K. Hesselink et al., Clin Biochem 2017) ; plus surprenant, l'étude des empreintes digitales vasculaires vient d'être décrite comme étant plus prédictive du risque cardiovasculaire chez les survivants de CTD que les facteurs de risque traditionnels comme l'IMC, l'HTA, le tabac... (G. Bloom, sous presse).
Chez nos patients suivis à long terme pour un CTD, nous nous devons de dépister précocement les patients à risque vasculaire afin de proposer une prise en charge adaptée : le lecteur d'empreinte palmaire va-t-il bientôt rejoindre nos tensiomètres et stéthoscopes ?