La maladie résiduelle biologique est-elle un moyen de sélectionner les patients pour l’immunothérapie adjuvante par atézolizumab ? Nouvelles données de l’essai IMpower010
L’essai IMpower010 est un essai de phase III, randomisé, en ouvert, portant sur l'atézolizumab (anticorps ciblant le PD-L1) en situation adjuvante, par rapport aux meilleurs soins de support (MSS), après une chimiothérapie adjuvante, chez des patients avec une tumeur de stade IB (≥ 4 cm) à IIIA, quelle que soit l’expression de PD-L1. Un total de 1 280 patients ont été inclus, et 1 005 ont ensuite été randomisés 1:1, après l’administration d’une chimiothérapie adjuvante, pour recevoir 16 cycles d'atézolizumab 1 200 mg toutes les 3 semaines.
Les résultats des analyses intermédiaires de l’essai, précédemment publiées, montrent un bénéfice en termes de réduction du risque de rechute en situation de tumeur de stade II-IIIA. L’approbation en Europe de l’atézolizumab en adjuvant est basée sur une analyse exploratoire du sous-groupe de patients avec une tumeur de stade II-IIIA, sans altération moléculaire de l’EGFR ou de ALK, et exprimant le PD-L1 dans au moins 50 % des cellules tumorales ; chez ces patients, il existait une réduction du risque de rechute de 57 % (HR = 0,43 ; IC95 : 0,26-0,71), et la différence de survie globale était significative, passant de 67,5 à 84,8 % (HR = 0,42 ; IC95 : 0,23-0,78) avec l’atézolizumab.
Parmi les 1 005 patients randomisés, 600 ont été évalués pour l’ADN tumoral circulant post-opératoire, témoin de l’existence d’une maladie résiduelle biologique (Minimal Residual Disease, MRD) utilisant le test RUO de Signatera (Natera). Au total, 118 étaient MRD positive, et ces patients ont fait l’objet d’un suivi de la MRD au cours du traitement adjuvant.
Indépendamment du statut MRD en post-opératoire, l'atézolizumab était associé à une meilleure survie sans maladie par rapport au bras contrôle, en situation d’expression de PD-L1 ≥ 1 %. La chimiothérapie adjuvante, administrée avant la randomisation, permettait de négativer la MRD chez 62 % des patients positifs en post-opératoire, avec une amélioration de leur survie sans maladie. Le bénéfice de l’atézolizumab était finalement retrouvé, à la fois chez les patients, à la randomisation, MRD positive ou négative ; il existait enfin une association entre la repositivation de la MRD et la survenue de récidive.
Finalement, si ces données sont exploratoires, la MRD est pronostique sur le risque de récidive, mais ne semble pas prédictive pour l’amplitude du bénéfice de l’atézolizumab, contrairement au statut PD-L1. Plusieurs essais avec l’immunothérapie adjuvante, et se focalisant sur les patients MRD positive, sont en cours.