Hypothyroïdie à retardement : nouveaux gènes, nouveau concept
L’hypothyroïdie congénitale, dépistée à la naissance dans de nombreux pays, peut parfois apparaître plus tard dans l’enfance.
C’est le cas pour les mutations du gène NEMO, qui code pour NFκB, facteur de transcription régulant, entre autres, plusieurs gènes impliqués dans le développement thyroïdien. Les mutations de NEMO sont responsables d’un tableau associant anomalies cutanées et déficit immunitaire, ainsi qu’une euthyroïdie en période néonatale avec une évolution progressive vers l’hypothyroïdie par apoptose des cellules thyroïdiennes (PMID : 26786105). Un tableau d’hypothyroïdie évolutive est également décrit dans cette 1re présentation chez un patient présentant un variant hétérozygote du gène TRPC4AP, exprimé dans plusieurs tissus, dont la thyroïde, codant pour un modulateur de NFκB. Les programmes de prédiction et les analyses fonctionnelles confirment le caractère très probablement pathogène de cette mutation, et il est un nouveau gène candidat pour l’hypothyroïdie congénitale.
Pour cet enfant, l’hypothyroïdie était dépistée à la naissance, mais les doses de L-thyroxine ont dû être significativement augmentées régulièrement, évoquant le même mécanisme d’apoptose des cellules thyroïdiennes.
La présentation suivante nous apprend qu’un 3e transporteur de l’iode a récemment été découvert, SLC26A7, exprimé chez l’homme au niveau du pôle apical des thyréocytes (figure). Les mutations homozygotes de SLC26A7, décrites dans maintenant 7 familles (PMID : 31372509 et 30333321), sont responsables d’hypothyroïdie congénitale, avec un goitre dans plus de la moitié des cas, sans surdité. Dans ce cas aussi, l’hypothyroïdie peut parfois être absente en période néonatale et survenir plus tard (dans le cas présenté ici, à l’âge de 5 ans), avec la découverte d’un goitre, alors que le dépistage néonatal était négatif. Les études fonctionnelles ont confirmé la pathogénicité de la mutation, avec un transport d’iode altéré pour la protéine mutante, partiellement corrigé par la supplémentation en iode chez la souris. Les mécanismes physiopathologiques précisant le fonctionnement de ce transporteur restent à découvrir.
Ainsi, à l’occasion de la description de ces 2 nouveaux gènes candidats pour l’hypothyroïdie congénitale apparaît un concept nouveau : l’hypothyroïdie congénitale primaire peut rarement échapper au dépistage néonatal, pour n’apparaître que plus tard dans l’enfance.