L’ivresse à l’eau : GNAS n’est pas du schnaps
Le syndrome d’antidiurèse inappropriée néphrogénique (NSIAD) est décrit depuis 2005. Il s’agit de l’exact opposé du diabète insipide néphrogénique. Les patients ont une hyper-réabsorption d’eau au niveau du tube collecteur rénal, ce qui entraîne des épisodes d’hyponatrémie, parfois sévère (convulsions, coma), lors d’ingestions importantes d’eau. Il s’agit d’une véritable “intoxication à l’eau”. Sur le plan moléculaire, les seules anomalies connues sont des mutations activatrices dans le gène AVPR2 codant pour le récepteur V2 (RV2) de l’ADH (PMID : 20027297).
Une équipe japonaise a analysé plusieurs patients issus de 2 familles présentant un NSIAD. Aucune mutation activatrice d’AVPR2 n’a été mise en évidence chez eux. En revanche, l’analyse en exome a permis d’identifier 2 mutations dans le gène GNAS. Ces 2 mutations (p.F68_G70del et p.M255V) entraînent une activation constitutionnelle de la protéine Gsα qui participe à la voie de signalisation du RV2. L’imputabilité dans le phénotype a été confirmée par des analyses fonctionnelles in vitro et par des modèles murins. Il est intéressant de noter que les patients de ces 2 familles ne présentaient aucune symptomatologie de dysplasie fibreuse/syndrome de McCune Albright (DF), seule pathologie avec mutation activatrice de GNAS connue jusqu’alors. Ceci s’explique probablement par 2 points :
- Les mutations GNAS dans la DF sont des mutations somatiques, c’est-à-dire présentes seulement dans certaines cellules de l’organisme.
- Les conséquences de la mutation sur la fonction de la protéine sont différentes : les mutations identifiées ici entraînent une activité protéine beaucoup plus modérée que les mutations responsables de DF.
Ce travail présente le double intérêt de décrire pour la 1re fois une pathologie avec mutation germinale activatrice du gène GNAS et d’apporter un nouveau mécanisme au NSIAD, pathologie encore mal connue.