Puberté précoce : menons l’(épi)enquête
AC : Nous savons de manière certaine que les anomalies de l’empreinte parentale occasionnent certaines pathologies. Récemment, des études ont mis en évidence des mutations dans deux gènes exprimés à partir de l’allèle paternel dans des familles avec puberté précoce centrale : MKRN3 et DLK1. Notre objectif était de rechercher des anomalies de méthylation au niveau des deux centres d’empreinte régulant l’expression de ces gènes dans une cohorte de 115 patientes avec une puberté précoce centrale idiopathique, après avoir exclu la présence de variants pathogènes dans ces deux gènes. Nous avons étudié la méthylation par qPCR allèle methyl spécifique après traitement bisulfite au niveau de ces deux régions différentiellement méthylées (DMR). Nous n’avons retrouvé aucune anomalie de méthylation concernant la DMR régulant l’expression de MKRN3 donc, si c’est une étiologie de la puberté centrale précoce c’est une cause très rare. Nous avons identifié une hypométhylation au niveau de la DMR régulant l’expression de DLK1 chez deux patientes. Ce qui est intéressant est que ces patientes, qui avaient consulté initialement pour une ménarche précoce, ont présenté d’autres signes cliniques qui évoquaient un syndrome de Temple. En effet ces patientes avaient pour l’une une disomie uniparentale maternelle du chromosome 14 et pour l’autre une épimutation du centre d’empreinte. Donc parmi les 115 patientes inclues, deux avaient une hypomethylation au niveau du centre d’empreinte régulant l’expression de DLK1.
EG : Pouvez-vous nous rappeler les symptômes du syndrome de Temple ?
AC : Ces enfants sont nés petits pour l’âge gestationnel, ils ont des petits pieds et petites mains, ils ont des petites tailles dues à un retard de croissance postnatal, ils sont en surpoids ou obèses. Une des patientes avait un diabète de type II. Et ils peuvent avoir un retard de développement modéré.